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Afrique de l'Ouest: tensions palpables

Samedi 19 Septembre 2020 - 18:56

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Pourquoi la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest-CEDEAO- garde sous pression le Mali et les militaires qui sont à sa tête depuis quelques semaines ? Parce que, premièrement, elle applique les principes que les pays de la sous-région ont arrêtés d’accord partie pour assurer le développement et l’épanouissement de leur espace communautaire ; deuxièmement, parce qu’elle ne veut pas voir l’irruption des soldats maliens dans la sphère politique servir d’exemple à d’autres soldats dans les pays voisins.

Nous l’écrivions ici même il y a quelques semaines que les jeunes officiers qui ont pris le pouvoir au Mali dans les conditions que l’on sait devraient se rendre très vite à l’évidence que l’environnement international ne se prête plus à cet exercice. Ils avaient beau être portés par une révolution populaire, et revendiquer leur dévouement pour la cause nationale, la foule qui a scandé dans l’euphorie de la chute de l’ancien régime « vive les forces armées maliennes », tournera casaque dans un proche avenir pour exiger leur retour dans les casernes. Là où, semble-t-il, les militaires sont les mieux préparés à défendre la nation contre l’ennemi. Le leur actuellement, en dehors du délitement progressif de l’Etat, est la nébuleuse terroriste qui poursuit sans coup férir le massacre des populations civiles et des soldats qu’elle trouve sur ses routes sinueuses.

Pourquoi les tensions demeurent palpables pas seulement au Mali mais dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest ? On est en droit de dire, s’agissant du Mali, d’ailleurs, que militaires et civils pourront rapidement trouver un terrain d’entente pour le partage du pouvoir. Ce pays n’est pas en période électorale comme deux de ses voisins, la Côte d’Ivoire et la Guinée où les joutes s’annoncent tendues. Avec plus d’appréhensions pour le pays de Félix Houphouët Boigny.

Le 31 octobre prochain, les Ivoiriens devront choisir entre Alassane Ouattara, le président sortant, Henri Aimé Konan Bédié, son prédécesseur, Bertin Kouadio Konan, le dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire qui présente Bédié, et Pascal Affi N'Guessan, ancien Premier ministre et ancien proche de l’autre ancien président Laurent Gbagbo dont il a hérité l’aile dissidente du Front populaire ivoirien, son parti. Les quatre candidats dont les dossiers ont été validés par la Cour constitutionnelle sur la quarantaine de prétendants ont chacun son propre parcours.

Au demeurant, les inquiétudes dont parlent beaucoup de chancelleries étrangères ne viennent pas directement de ces quatre postulants. Elles tirent leur source de l’invalidation de deux candidatures, celle de Laurent Gbagbo et celle de l’ex-président de l’Assemblée nationale et président de Générations et peuples solidaires, Guillaume Soro. Passe encore pour Laurent Gbagbo qui parle moins sur la question, mais Soro, l’ex-chef des forces nouvelles, qui conduisit pendant plusieurs années la rébellion contre Gbagbo ne s’avoue pas vaincu. Il a livré un message sonore le 17 septembre à Paris, dans le très select hôtel le Bristol, scandant que sa candidature à la présidentielle ivoirienne est irrévocable.

Mettons que les quatre candidats signalés plus battent campagne dans les bonnes conditions, que les Ivoiriens exercent leur devoir civique dans les mêmes modalités, que les résultats ne souffrent d’aucune contestation violente comme ce fut le cas en 2010-2011. Le discours épais de Guillaume Soro aura moins de prise sur les événements. Si, par contre, des violences se font jour dans le sillage de la proclamation du scrutin présidentiel du 31 octobre, si les candidats n’assument pas leurs responsabilités, des fissures apparaîtront dans la maison Côte d’Ivoire et donneraient lieu à des mauvaises circonvolutions.

La situation en Guinée, tout aussi à suivre, est peut-être moins volatile que celle de la Côte d’Ivoire où, comme on le voit, ce sont beaucoup plus des ex- et ex, anciens et anciens du champ politique, assis sur leurs lauriers, qui alimentent la controverse.

Gankama N'Siah

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