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Ambition présidentielle

Samedi 19 Octobre 2019 - 18:09

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Cela a provoqué un éclat de commentaires, en Côte d’Ivoire, et au-delà, lorsque Guillaume Soro a annoncé, le 12 octobre, se porter candidat à l’élection présidentielle de 2020. Comme s’il ne fallait pas s’y attendre alors même que depuis sa naissance en politique, globalement dans le feu de la rébellion éclatée à Bouaké, le 19 novembre 2002, avec lui comme tête d’affiche, l’ex-leader de la jeunesse estudiantine de Côte d’Ivoire est en marche rythmée vers le plus haut sommet de l’Etat.  

Pour autant, l’histoire récente de la Côte d’Ivoire n’a fait que lui ouvrir largement la voie. Il en est conscient puisqu’il le répète quand le moment s’y prête, notamment aux médias qui épluchent son parcours assez singulier : « J’ai été ministre d’Etat à 35 ans, Premier ministre à 30 ans… et mes amis me disent qu’il ne me reste plus qu’une seule marche à gravir si un jour Dieu et les Ivoiriens le veulent ». Cette dernière marche est le fauteuil présidentiel. Celui qui a donc aussi créé « une rébellion à 29 ans » et dirigé l’Assemblée nationale de son pays, la petite quarantaine révolue, ajoutait dans cet entretien daté du 30 octobre 2010, avec Jeune Afrique, qu’il n’était pas du tout pressé.

Guillaume Soro considère aussi comme un atout le fait d’avoir côtoyé les trois principaux acteurs de la scène ivoirienne, Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Tous, comme ce qu’il ambitionne de devenir, ont été (sont) président de la République ; le troisième, en poste depuis 2010, pouvant encore briguer un nouveau quinquennat. Une chose est sûre. A la différence des trois « présidents », Soro peut aussi faire prévaloir son jeune âge. Il aura 48 ans l’année prochaine, donc plus « frais » que les premiers, mais certainement pas plus ambitieux que tous les autres Ivoiriens relativement jeunes qui, dans les entourages de Gbagbo, Bédié et Ouattara, pourraient aussi lui opposer leur propre discours.

Après la disparition du père de l’indépendance, Félix Houphouet Boigny, en 1993, la Côte d’Ivoire avait plongé dans une grave crise, marquée par une avalanche de putschs et d’élections à problèmes. Les quatre hommes sont tous comptables à divers degrés des succès et des échecs de ce parcours. L’ancien leader des Forces nouvelles, qui s’est refait spirituellement en quelque sorte, avec le mouvement Générations et peuples solidaires-GPS- qu’il vient de créer, pourrait-il convaincre au-delà de ses amis de l’ex-rébellion ? C’est le pari qu’il doit gagner avant tout.

Guillaume Soro sait, par ailleurs, que le poste qu’il compte disputer dans une année (la présidentielle ivoirienne est prévue pour le mois d’octobre prochain) est aussi celui pour lequel son pays a frôlé la dislocation à plusieurs reprises ces dernières décennies. Et qu’il ne se gagne pas sans que la bonne dose de courage qui habite tout homme politique ambitieux comme lui ne soit logée à l’enseigne de la plus grande humilité.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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