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Attention à votre santé: le gros cœur

Jeudi 7 Février 2019 - 15:30

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On entend parfois certains déclarer qu’on leur a dit qu’ils ont un gros cœur et que de ce fait, ils doivent faire attention à leurs activités. Ce bref article tente d’édifier le public sur cette sémiologie relativement courante.

C’est quoi un gros cœur ? La définition du gros cœur (ou cardiomégalie) est principalement radiologique. Il y a cardiomégalie lorsque le rapport d/D, d pour diamètre transversal maximal du cœur et D pour diamètre transversal maximal du thorax, est supérieur à 50%. L’échocardiographie précise qu’une masse cardiaque supérieure à 250-300 grammes traduit une cardiomégalie. Mais, attention ! La proclamation « vous avez un gros cœur ! » ne doit pas vous déstabiliser, ceci pour les raisons suivantes :

a) un cœur peut paraître gros à la radiographie sans l’être réellement (cliché pris en expiration, sujets brévilignes, patients présentant une scoliose ou une cyphose dorsale) ;

b) le cœur peut être gros sans être anormal, c’est le cas chez la plupart des sportifs entraînés.

c) enfin, il y a les gros cœurs familiaux qui restent longtemps asymptomatiques.

Les causes du gros cœur 

 Devant un vrai gros cœur, on doit penser principalement aux étiologies suivantes :

 a) une péricardite liquidienne, purulente ou hémorragique, de causes multiples (rhumatisme cardiaque malin, tuberculose et SIDA, notamment) ;

 b) une hypertrophie des parois du cœur (cardiomyopathie hypertrophique ou de surcharge) en rapport avec une hypertension artérielle, une maladie génétique ou une surcharge métabolique ;

 c) une dilatation des cavités (cardiomyopathie dilatée) due aux atteintes diverses du cœur (valvulopathies, insuffisance coronarienne, cardiopathies congénitales, troubles métaboliques, endocriniens ou génétiques, etc.).

Les symptômes essentiels 

Le gros cœur peut rester longtemps asymptomatique. Cependant, dès sa découverte, il faut consulter un médecin. Les symptômes apparaissent et s’aggravent progressivement : palpitations, essoufflements (dyspnée), d’abord d’effort puis de repos et nocturnes, toux avec expectorations mousseuses voire hémorragiques, asthénie, douleurs thoraciques et abdominales. Au final s’installe un tableau d’insuffisance cardiaque congestive avec orthopnée, cyanose, gros foie et œdèmes des membres inférieurs. L’IC conduit inéluctablement à la mort si elle n’est pas traitée

En quoi consiste l’insuffisance cardiaque ?

 Il y a insuffisance cardiaque (IC) franche quand le cœur, au lieu de propulser à chacune de ses contractions 60 à 75 ml de sang, n’en envoie que 20 à 25 ml, soit une fraction d’éjection (FE) abaissée, à 35%, voire moins, au lieu de 45 à 65%. Mais il y a des formes spéciales d’IC dites à fonction systolique conservée. Dans l’IC, les organes humains, les poumons compris, ne reçoivent pas suffisamment de sang (donc d’oxygène) et dysfonctionnent, ce qui explique les symptômes décrits plus haut.

Traitement de l’insuffisance cardiaque

Le traitement est conduit par deux acteurs principaux, le patient lui-même et son médecin. Le premier applique strictement les mesures hygiéno-diététiques prescrites par le médecin (repos mais avec exercices autorisés, régime sans sel, respect des mesures de réadaptation à l’effort, absence d’automédication), prend régulièrement ses médicaments, lutte contre les grippes et respecte le programme de suivi. Le second, cardiologue de préférence, prescrit le traitement pharmacologique, suit l’évolution de l’IC et en fait faire un bilan exhaustif en vue d’en déterminer la cause et d’appliquer, si possible, un traitement curatif, interventionnel ou chirurgical, notamment.

Conclusion

Tout gros cœur découvert à la radiographie thoracique, symptomatique ou non, doit être documenté de façon systématique par un médecin. Les bilans effectués visent avant tout à déterminer une cause potentiellement curable. L’attentisme dans ce domaine expose le patient, à plus ou moins brèves échéances, à des complications redoutables. Le malade participe pleinement à son traitement.

 

                    

Christophe Bouramoué, professeur émérite, nbouramoue@yahoo.fr

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