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Dimanche 19 Avril 2020 - 9:00

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Vingt-cinq pays, dont dix-neuf en Afrique, "parmi les plus pauvres", on l'a dit, vont bénéficier des gracieusetés du Fonds monétaire international-FMI- afin de tenter de sortir des pénibilités que nécessairement la crise sanitaire actuelle du Covid-19 ne manqueront pas d'infliger à leurs économies fragiles. Cela se résume en un moratoire, autrement dit, un attendrissement des mécanismes de remboursement de leurs dettes. Jusqu’à la fin de cette année au moins, leurs créanciers ne leur demanderont rien. Rendez-vous est pris pour l’année prochaine, dans l’espoir que la pandémie s’estompe pour de bon. Après quoi ces endettés éternels pourront recommencer à payer.

Seulement dix-neuf pays du continent, les trente-cinq autres, tous, comme eux, membres à part entière de l'institution financière internationale attendront. Y compris ceux qui, comme le Congo, sont en programme un peu délicat, il faut le dire, avec le grand bailleur de fonds. A la vérité, le problème n'est pas tant cette sélection qui répond par-dessus tout aux critères toujours très rigoureux du FMI. L’histoire nous rappelle à tous que dans un passé qui n'est pas aussi vieux que cela, le bilan des interventions de l’une des grandes institutions financières de Bretton Woods, à travers ses programmes d'ajustement structurel, parfois sévèrement renforcés, n'a pas été des plus élogieux.

Au contraire, dans les années 1980, appelés à se conformer aux exigences et recommandations du Fonds pour espérer enfin s'arrimer au train en marche du développement, la plupart des pays du Sud en sont sortis laminés. Il leur était demandé une déflation des effectifs de leurs fonctions publiques pléthoriques, la privatisation des entreprises d’Etat, la suspension du recrutement des fonctionnaires, la mise en quarantaine des avancements avec effets financiers, bref un train de mesures que requérait le contexte délétère des fondations sur lesquelles reposaient depuis trois décennies au moins leurs États hérités de l’ancienne administration coloniale.

Ces États avaient de la peine à prendre la couleur locale. Ils étaient, ou proches du bloc communiste, chapeauté par l'ex-Union soviétique ou du bloc capitaliste, dominé par les États-Unis d'Amérique. Il y avait fort à faire qu'ils se localisent tant les pôles sur lesquels ils étaient alignés ne pouvaient pardonner quelque trahison de leurs alliés.  

Puis est arrivé le renouveau démocratique. Au Sud du Sahara, chaque pays l'a salué à sa manière, sans toutefois que l'on se projette vers ce qui pouvait en garantir le vrai épanouissement. De l'intérieur, cette garantie ne se mesurait pas seulement au bon discours. Cela coule de source que les élites africaines ont plutôt l'art du bien dire, et on ne peut pas leur reprocher d'avoir appris et plutôt bien assimilé les langues étrangères que leurs pays ont en héritage. Ces élites ne se sont pas posé la question de la consolidation des indépendances acquises globalement dans le cours des années 1960.

D’où la perpétuation du déséquilibre des termes de l’échange entre le Nord et le Sud. D’où aussi ces arbitrages sur la dette des pays pauvres qui révèlent clairement le refus des grandes économies du monde à poser le problème en termes d’annulation globale de cette dette pour qu’enfin l’Afrique se rende responsable de son devenir. Tant que tout est décidé hors du continent, tant que l’Afrique manque d’unité, un tel salut ne viendra pas.

Gankama N'Siah

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