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Espérons que l’Europe …

Samedi 20 Juin 2020 - 17:08

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Alors que les très grandes puissances – la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, la Russie – démouchètent visiblement leurs fleurets avant de s’affronter sur la scène internationale avec tous les risques que cela comporte pour la communauté mondiale dans son ensemble rien n’est plus important, du moins nous semble-t-il, que l’Europe s’unisse et fasse entendre avec force la voix de la raison dans les instances internationales. C’est en tout cas ce que les nations du Tiers-Monde et tout particulièrement l’Afrique espèrent, attendent dans un moment où les feux se mettent au rouge sur la voie du progrès humain à cause précisément de la crise sanitaire, de ses effets économiques et financiers désastreux, des conflits qui se dessinent entre les « Grands » de ce monde en Asie du sud, en Méditerranée orientale, dans le golfe Persique, en Libye et dans le Sahel.

 

Si rien n’est encore joué sur la scène européenne, des signes encourageants se sont multipliés dans ce sens ces derniers temps, à la faveur notamment de la lutte contre la pandémie du coronavirus. Des signes d’autant plus forts, d’autant plus visibles, que les deux pays les plus influents de l’Union européenne, l’Allemagne et la France, ont manifestement décidé de mettre un terme à leurs désaccords et de s’unir pour protéger le Vieux continent contre les mauvais démons qui semblaient s’y réveiller ces derniers temps.

 

Ayant écrit ici même, tout au long des mois précédents que l’Europe risquait à nouveau le pire si elle ne renforçait pas très vite son unité et ne faisait pas mieux entendre sa voix sur la scène mondiale nous sommes heureux, soulagés même comme bon nombre d’observateurs sur la scène européenne, de voir que les crises actuelles conduisent aujourd’hui les dirigeants européens, d’une part à prendre  conscience de leur responsabilité personnelle dans la survie de l’Union et, d’autre part à comprendre que si cette même union venait à se disloquer le danger d’une crise de grande ampleur là où se déroulèrent  les deux guerres mondiales du siècle précédent s’aggraverait fortement.

 

Très significative, pour ne pas dire symbolique, de cette double prise de conscience a été la tenue à Bruxelles, le 16 juin, d’une réunion à laquelle ont pris part tous les ministres de la Défense des pays de l’Union. Une réunion qui a débouché sur l’affirmation de la volonté européenne de donner un nouveau souffle à la coopération militaire entre ses vingt-sept Etats membres en renforçant le Fonds européen de défense, en équipant mieux leurs armées, en coordonnant leurs actions sur le front extérieur, bref en mettant en place une véritable stratégie commune.

 

Ces actions, ces gestes sont d’autant plus importants que, dans le même temps, l’Alliance Atlantique tangue dangereusement comme un navire sans commandement, sans objectifs, sans stratégie en raison du repli sur soi des Etats-Unis et du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne.

 

Espérons donc que l’Europe poursuivra résolument dans les mois et  les années à venir sur la voie qu’elle semble emprunter aujourd’hui, celle précisément que ses fondateurs avaient dessinée il y a soixante-dix ans.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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