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Et l'Afrique s'invita dans les "primaires" françaises ...

Samedi 8 Octobre 2016 - 12:58

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Même si l'un des candidats à la succession de François Hollande - Nicolas Sarkozy pour ne pas le nommer - émit un jour l'idée pour le moins saugrenue selon laquelle l'Afrique "n'est pas encore entrée dans l'Histoire" la bataille politique qui démarre en France avec les "primaires", à droite comme à gauche, fera de ce continent  l'un des grands acteurs de la pièce qui se jouera sous nos yeux dans les semaines à venir.

Ceci pour les trois raisons que voici.

1) Le corps électoral français compte de nombreux, très nombreux citoyens qui ont, d'une manière ou d'une autre, de fortes attaches avec l'Afrique. Descendants de la sixième, cinquième, quatrième, troisième génération d'hommes et de femmes qui quittèrent leur terre d'origine pour venir vivre et travailler en France, ces électeurs et ces électrices se comptent aujourd'hui par millions. Parfaitement intégrés au sein de la société française, ils n'en ont pas moins conservé des liens étroits avec la patrie de leur famille et constituent de ce fait une puissante diaspora dont l'influence ne cesse de grandir sous les formes les plus diverses. Même s'ils ne le disent pas ouvertement leur choix politique sera largement conditionné par les propos que tiendront les candidats des deux camps sur les relations à venir entre la France et l'Afrique.

2) La crise profonde que traverse l'Europe avec, d'une part, la menace d'implosion que recèle le "Brexit" anglais et, d'autre part, l'afflux incontrôlé et incontrôlable des migrants venus du grand Sud placera inévitablement l'Afrique au coeur du débat de politique intérieure qui démarre. Si, en effet, la France veut conserver son influence alors que les rapports de forces changent rapidement au sein de la communauté internationale, elle devra s'appuyer beaucoup plus qu'elle ne le fait sur ses partenaires africains. Cette vérité, qui résulte du simple bon sens, tous les candidats à la Présidence de la République, qu'ils soient de gauche ou de droite, la connaissent et tous seront contraints d'en tenir compte dans l'énoncé de leur programme en expliquant que s'ils sont élus ils feront du resserrement des liens avec l'Afrique l'un des pivots de leur politique étrangère.

 

3) L'Afrique elle-même prend peu à peu conscience des avantages que peuvent lui procurer, si elle agit avec finesse sur le plan diplomatique, le rééquilibrage des rapports entre les grandes puissances et l'affaiblissement progressif de l'Europe au sein de la communauté des nations. Comme on le voit clairement à la faveur du débat, feutré mais bien réel, qui s'engage à propos du franc CFA et de ses rapports avec l'euro, les pays africains commencent à mesurer l'atout que leur confèrent la vitalité humaine, l'abondance des ressources naturelles, l'émergence rapide des économies, l'afflux des investisseurs. Dans un semblable contexte l'on peut être certain qu'ils jetteront tout leur poids dans la balance politique afin que les prochains dirigeants français se comportent en partenaires fiables et non plus en donneurs de leçons dangereusement décalés du réel.

La campagne électorale débutant à peine il ne sert à rien de gloser par anticipation sur le choix que les Français opèreront dans le courant de l'année 2017. Mais il n'est ni inutile, ni prématuré de réfléchir aux conséquences que la campagne en cours aura sur la politique extérieure de la France, sur ses engagements stratégiques, sur ses options culturelles. Nous en reparlerons prochainement mais, en attendant, écoutons avec attention ce qui se dira lors des débats publics qui émailleront les primaires dont nous vivons les premiers débats.

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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