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La nouvelle « guerre froide »

Lundi 1 Juin 2020 - 15:48

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La semaine qui vient de s’achever a confirmé, hélas, ce que nous écrivions ici même lundi dernier à propos de la « folie des grandeurs » qui gagne aujourd’hui  les puissants du monde. Tout au long de ces sept journées, en effet, les actions, les déclarations, les gesticulations des « Grands » ont montré que la communauté internationale loin, bien loin de resserrer ses rangs pour combattre efficacement la pandémie du Covid-19 profite, si l’on peut dire, de cette crise pour affirmer ses divisions. Avec au centre du jeu les grands et très riches Etats de l’hémisphère nord qui défient leurs adversaires alors même qu’ils siègent de façon permanente autour de la table du Conseil de sécurité des Nations unies.

 

Deux séries d’évènements se sont produits ces derniers jours que les institutions internationales chargées de préserver la paix se sont bien gardées de dénoncer, sans doute par peur de représailles dont la rupture entre les Etats-Unis et l’Organisation mondiale de la santé à propos du coronavirus donne une idée précise. La première a été l’aggravation brutale des conflits en Asie avec la reprise des troubles à Hong-Kong, la menace de plus en plus claire  que fait peser la Chine sur Taïwan et, surtout, la montée des tensions frontalières entre l’Inde et la Chine au Ladakh, dans l’Himalaya. La deuxième série a été la relance de la course aux armements qui conduit les Etats-Unis à se retirer progressivement des accords militaires conclus pour mettre fin à la « guerre froide », qui amène de son côté la Russie à renforcer ses capacités militaires, qui conduit des pays comme l’Iran et la Corée à se doter à leur tour d’armes de destruction massive, qui oblige les communautés régionales comme l’Union européenne à envisager elles-mêmes la mise en place d’un système de défense commun et autonome.

 

Tout indique aujourd’hui qu’une nouvelle « guerre froide » s’instaure en réalité à l’échelle planétaire dont les « Grands » de ce temps sont les vrais responsables quoi qu’ils prétendent. Un conflit potentiel d’autant plus dangereux qu’il s’accompagne d’une reprise de la prolifération nucléaire dont le danger sera infiniment plus grand que la précédente en raison du nombre de pays qui cherchent à se doter de  ce type d’armes, du risque de voir l’espace proche de la Terre devenir à bref délai un champ de bataille, de l’ampleur des recherches et des découvertes que laisse prévoir le développement non contrôlé de l’intelligence artificielle, bref de l’ absence totale de conscience qui marque dès à présent cette nouvelle course aux armements.

 

Ce qui nous frappe le plus, nous observateurs de la scène internationale, dans le contexte pour le moins inquiétant qui se met en place est le fait qu’aucune voix ne s’élève, pour l’instant du moins, afin de dénoncer cette dérive générale  et tenter de la stopper avant qu’elle ne débouche sur un nouveau drame planétaire dont les deux guerres mondiales du siècle précédent ont montré le coût démesuré. Cela alors même que, d’une part, la dégradation de l’environnement naturel fait peser une menace mortelle sur l’humanité tout entière et que, d’autre part, la communauté humaine dispose aujourd’hui de tous les moyens techniques, économiques, financiers pour asseoir la paix mondiale sur des bases plus solides, plus durables.

 

Qui, aujourd’hui, est capable de faire entendre la voix de la raison aux Donald Trump, aux Vladimir Poutine, aux Xi Jinping et autres puissants de ce monde qui, manifestement, ne mesurent pas la gravité des actes qu’ils commettent au nom de leur intérêt national ?

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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