Opinion

  • Réflexion

L’année de tous les dangers

Samedi 3 Janvier 2015 - 13:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Il est de bon ton, en ce début d’année 2015, de dire ou d’écrire que les douze mois à venir seront marqués par les troubles qui affecteront le monde émergent : troubles religieux, troubles sociaux, troubles raciaux, troubles politiques et autres fossés que creuse entre les hommes l’incapacité à s’entendre. Mais vous ne verrez aucun commentateur oser dire ou écrire que le plus grand danger qui menace aujourd’hui la planète provient des grandes puissances, de celles-là même qui se regroupent dans des entités artificielles telles que le G8 pour dicter leur loi au monde et engagent celui-ci dans des crises sans issue.

Mettons donc allègrement les pieds dans le plat sans grand risque d’être contredit par les évènements à venir.

La plupart des guerres qui dressent les peuples les uns contre les autres ou contre eux-mêmes sont le résultat, la conséquence inévitable de l’intervention des « Grands » dans des affaires qui ne les concernent en rien. L’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la Syrie, le Mali, la Centrafrique qui font la une des journaux en raison des conflits meurtriers qui s’y déroulent, doivent pour une large part leur malheur à  l’ingérence aussi absurde que criminelle de l’un ou l’autre des « Grands » dans leurs affaires intérieures.

Rien n’illustre mieux ce comportement que le refus opposé la semaine dernière par le Conseil de sécurité des Nations unies aux Palestiniens qui veulent très légitimement constituer un État, ou que l’interminable partie d’échec qui oppose l’Iran au groupe dit des « cinq » à propos du nucléaire dont ses voisins se sont dotés sans demander l’avis de quiconque mais auquel on lui refuse obstinément l’accès. Et qui peut nier aujourd’hui qu’en faisant assassiner le Guide Libyen Mouammar Kadhafi, la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis ont ouvert en Afrique une boîte de Pandore qui n’est pas près de se refermer ?

Dans un tout autre domaine, celui de l’économie et des finances, il est clair pour tout le monde, y compris pour les peuples riches de l’hémisphère Nord, que le danger vient du dérèglement continu des relations entre les États, provoqué par la toute puissance de la sphère financière. Si une crise majeure, analogue à celle de 1929 d’où surgit la deuxième Guerre mondiale, vient à se produire comme on peut désormais le craindre, ce sont bien les pays riches qui en seront les seuls et uniques responsables. Le Sud, qui progresse rapidement sans l’aide de personne, n’aura aucune part de responsabilité dans le carnage qui en découlera inévitablement.

Pour ce qui concerne enfin le sort de l’humanité toute entière, je veux parler du dérèglement climatique qui menace très directement aujourd’hui l’espèce humaine dans son ensemble, le constat apparaît encore plus accablant. Provoqué par l’inconscience des nations industrielles, en tête desquelles figurent les États-Unis, l’Europe, la Russie, la Chine, l’Inde, le Japon, il ne cesse et ne cessera pas de s’aggraver car aucun de ces pays n’est disposé à prendre les mesures qui permettraient de le combattre. On en aura une preuve accablante cette année lorsque le « sommet du climat », organisé à Paris, se transformera inévitablement en fiasco.

 

La vérité, la simple vérité, la triste vérité, est que 2015 verra sans aucun doute s’aggraver les tensions et se multiplier les menaces qui font courir les plus grands risques aux hommes. Non parce que les peuples du tiers-monde s’avèrent incapables de mettre de l’ordre dans leurs affaires, mais parce que les « Grands » se mêlent de ce qui ne les regarde pas et, ce qui est plus grave, s’avèrent incapables de prévoir les effets de leurs interventions anarchiques sur les cinq continents.

 

2015, l’année de tous les dangers ? Oui, certainement, si les puissants continuent de se comporter comme ils le font !

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Réflexion : les derniers articles