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L’endogamie exagérée freine le brassage ethnique

Vendredi 15 Novembre 2019 - 17:48

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Loin de nous l’idée de condamner la pratique qui, est d’ailleurs, l’un des principes sociétaux qui a toujours existé, nous constatons plutôt que la course effrénée vers cette forme matrimoniale est une porte ouverte aux velléités tribales qui constituent un repli identitaire, contrastant avec l’idée même de la nation.

En survolant des débats d’écoles qui parfois séparent des intellectuels sur les notions d’endogamie et d’exogamie, nous tentons de comprendre, en des termes clairs et concis, que la première est une forme de mariage qui associe les partenaires d'une même tribu. En revanche, la seconde renvoie à une ouverture, associant des conjoints d'ethnies et tribus différentes.

Des concepts d’une valeur sociale importante tels que la solidarité nationale, le vivre-ensemble, le brassage ethnique reviennent de plus en plus ces derniers temps sur toutes les lèvres des Congolais dans des diverses occasions. Mais le constat est qu’au lieu de tourner petit à petit le dos aux velléités tribales qui se matérialisent par l’abus des mariages endogamiques, certains citoyens continuent de donner trop du crédit à cela. Et même des jeunes, eux qui ne connaissent pas trop les campagnes, ont tendance à repartir dans l’ethnie de leurs parents pour pouvoir  demander la main  de leurs futures épouses, le plus souvent encouragés par les mêmes parents qui pourtant prônent haut et fort la solidarité nationale et le brassage ethnique.

Sur cette question, l’Unesco a toujours pensé que les villes, en réalité, devraient être les principaux foyers de brassage ethnique et culturel. Mais hélas ! Le vécu quotidien laisse à désirer, ne serait-ce par la configuration de nos villes qui continuent d'être des vrais conglomérats des clans et ethnies. En d’autres termes, certains quartiers ne favorisent pas l’essor exogamique et pérennisent plutôt l’endogamie.       

Pour le constater, il suffit de de tirer au hasard un échantillon de trente  mariages  dans trois mairies et  procéder à une enquête empirique. En posant aux jeunes conjoints la question de savoir les ethnies de leurs parents respectifs, leurs réponses  vous feront  rire.

Ce n’est pas l’endogamie qui est condamnable mais son excès, c’est-à-dire sa généralisation sur un territoire à cultures multiples. C’est une source d’instabilité sociale parce que la progéniture issue de ces unions a tendance à rejeter les autres ethnies ou à les diaboliser. Et  ce rejet crée des replis identitaires qui sont une forme d’étincelle susceptible de brûler tout un pays.

Encourageons tous l’union exogamique, car il est un élément intégrateur et un facteur sûr de la solidarité nationale. L’endogamie est, à quelques pourcentages près, un facteur de déchirures socio-politiques. Les études des spécialistes ont montré que l’exogamie est à 75% un facteur de stabilité sociale pour une société faite d’une diversité ethnique. A bon entendeur salut !

 

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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