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Médecine pour tous: les palpitations

Jeudi 14 Février 2019 - 21:17

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Les palpitations figurent parmi les symptômes cardiaques les plus fréquents et les plus spectaculaires. Elles traduisent une sensation désagréable et angoissante due à la perception anormale des battements du cœur qui, à cette occasion, sont vigoureux ou de fréquence accélérée pour l’activité en cours. Les palpitations peuvent être anodines. Cependant, dans bien des cas, elles reflètent toute une gamme de pathologies cardiovasculaires qui requièrent une documentation et une prise en charge appropriées. Il importe par conséquent de les connaître.

I. Savoir distinguer les fausses des vraies palpitations et connaître leurs mécanismes.

Pour distinguer les fausses des vraies palpitations, il faut avant tout la contribution du patient qui doit en cela répondre avec précision aux questions du médecin. Dans le second temps, seuls les examens prescrits par ce dernier seront déterminants pour le diagnostic et pour la chaîne des modalités de prise en charge.

On élimine facilement les fausses palpitations. Chez un sujet neurotonique («nerveux»), il s’agit de l’éréthisme cardiaque. L’électrocardiogramme est normal dans ce cas. Parfois, il s’agit d’une mauvaise interprétation du patient qui confond les douleurs thoraciques (angine de poitrine, douleurs de péricardite ou de pleurésie) avec les palpitations. Par contre, les vraies palpitations traduisent toujours un trouble du rythme cardiaque (arythmies) aux aspects variés :

a) Extrasystoles (ES). Elles sont ressenties comme un raté isolé ou répété suivi d’une contraction cardiaque forte puis d’un ralentissement du rythme cardiaque. Selon qu’elles naissent au niveau des oreillettes, de la jonction auriculo-ventriculaire ou des ventricules, les ES sont dites auriculaires, jonctionnelles ou ventriculaires.

 b) Tachycardies. Se manifestant aux mêmes niveaux, elles correspondent à une accélération de la fréquence des battements cardiaques supérieure à 120-150/minute. La plus emblématique est la tachycardie sinusale des hyperthyroïdies (le cœur bat vite mais régulièrement), la plus fréquente, à l’origine des accidents vasculaires cérébraux est la fibrillation atriale (le cœur bat anarchiquement et facilite la formation in situ des caillots dont certains peuvent migrer au cerveau); la plus grave est la tachycardie ventriculaire et ses variantes (les ventricules battent isolément très vite, ce qui rend le cœur inefficace). Elle peut conduire à un arrêt cardiaque avec syncope, voire décès subit.

II. Connaître les modalités de la documentation et de la prise en charge des palpitations.

A) Répondre scrupuleusement aux questions du médecin tendant à :

 a) relever les antécédents personnels (maladies du cœur, hyperthyroïdie, grossesse, etc.);

 b) connaître les antécédents familiaux (mort subite chez les sujets jeunes);

c) inventorier les facteurs de risque cardiovasculaires (hypertension artérielle, diabète sucré, obésité, hypercholestérolémie, tabagisme, etc.) ainsi que les consommations délétères (alcool, kola, excitants divers, notamment sexuels);

d) caractériser le trouble de rythme : circonstances et mode de déclenchement, durée, signes accompagnateurs, mode d’arrêt.

B) Accepter la chaîne des examens indispensables à l’identification de la cause des palpitations et au choix des stratégies de leur prise en charge. L’examen clinique note un rythme cardiaque rapide, régulier ou irrégulier, recherche une hypertension artérielle, un souffle cardiaque, des signes éventuels d’insuffisance cardiaque, etc. La radiographie recherche, entre autres, une cardiomégalie (gros cœur). Mais c’est l’électrocardiographie à tous les modes qui permet d’affirmer une arythmie: électrocardiogramme, enregistrements Holter, électrocardiographie endocavitaire, etc. La découverte de la cause de l’arythmie ouvre la voie à d’autres investigations, biologiques et techniques plus complexes.

C) Dans un premier temps, la priorité est accordée à la réduction de l’arythmie. Pour cela, une hospitalisation peut s’avérer nécessaire. La réduction recourt aux moyens pharmacologiques, électriques ou électroniques (radiofréquence). En prévention de récidive, un traitement pharmacologique est toujours prescrit.

D) La dernière procédure consistera en un traitement curatif de la cardiopathie responsable. A cette étape, la chirurgie ou un acte interventionnel seront choisis en fonction des lésions.

Conclusion. Les palpitations, bien que courantes, ne doivent pas être négligées, surtout lorsqu’elles sont récidivantes. Elles peuvent être les premiers symptômes d’affections cardiaques curables si elles sont prises en charge à temps. C’est ici l’occasion de rappeler que certains modes de consommation facilitent la survenue des pathologies cardiaques s’annonçant souvent par des palpitations. Par conséquent, la diététique doit faire l’objet d’une attention quotidienne pour tous.

                                                                                   

Christophe Bouramoué,

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Édition Quotidienne (DB)

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