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Où peut mener le conflit entre l’Iran et les Etats-Unis ?

Mercredi 26 Juin 2019 - 15:51

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 Nos lecteurs en avaient été prévenus à maintes reprises tout au long des derniers mois : l’affrontement larvé entre les Etats-Unis et l’Iran ne pouvait que dégénérer au point de plonger le golfe Persique, la Mer d’Oman, le Proche et le Moyen-Orient dans une crise dont le pire risquait de sortir à tout moment. Et c’est précisément ce qui se passe aujourd’hui sous nos yeux, avec l’attaque menée dans d’obscures conditions contre quatre navires pétroliers en Mer d’Oman, avec la destruction d’un drone américain dans ou à proximité immédiate du ciel iranien, avec la relance par Téhéran du programme d’enrichissement d’uranium que l’accord conclu avec la communauté internationale avait provisoirement gelé, avec les déclarations pour le moins belliqueuses des dirigeants américains et iraniens qui se font face.

Si l’on comprend bien les événements qui se déroulent dans cette partie du monde, la perspective d’un conflit ouvert entre les puissances concernées ne relève plus de la simple analyse prospective, mais devient une réalité bien réelle. Et, de ce fait, nul ne peut désormais mettre sa tête dans le sable comme l’autruche de la fable afin d’ignorer le danger mortel qui pointe à l’horizon proche de la communauté mondiale. Car c’est bien d’un danger mortel et non d’une simple gesticulation qu’il s’agit désormais.

Exactement comme cela s’est passé dans les premières années du siècle précédent, puis dans les années quarante de ce même siècle, les dirigeants des puissances qui se font face aujourd’hui s’avèrent incapables d’anticiper l’avenir et de prévenir les effets destructeurs de leurs rodomontades. Ils discourent, gesticulent, se menacent, agissent même sans prendre la mesure des conséquences que leur affrontement aura inévitablement. Et, tout comme leurs prédécesseurs, ils créent sans s’en apercevoir, ou plutôt en refusant de mesurer les conséquences de leurs actes, les conditions d’un nouveau conflit mondial qui pourrait s’avérer infiniment plus destructeur que les deux précédents.

Trois raisons justifient ce qui est écrit ici : la première est l’impact économique et financier planétaire qu’un conflit ouvert dans le golfe Persique aurait inévitablement puisque près d’un tiers du pétrole utilisé dans le monde provient de cette région; la deuxième raison est l’utilisation probable d’armes de destruction massive par les belligérants car une guerre ouverte conduirait à coup sûr Israël, dont l’existence serait directement menacée, à utiliser celles qu’il détient; la troisième raison est la guerre des religions qui accompagnerait un tel conflit avec l’affrontement entre Sunnites, Chiites, Chrétiens et Juifs mais aussi et peut-être surtout la dérive islamiste qui surferait sur un tel conflit.

Il reste en réalité très peu de temps pour prévenir le conflit généralisé qui se dessine sous nos yeux. Autrement dit, pour  faire ce que la communauté mondiale n’a pas été capable de réussir en 1914 et 1939 lorsque les Européens se lancèrent dans les deux parties de bras de fer qui allaient coûter la vie à des dizaines, des centaines de millions d’hommes, de femmes, d’enfants et dont les blessures, contrairement aux apparences, ne sont toujours pas refermées.

Evitons donc que l’Histoire se répète avec les drames qui en ont découlé il n’y a pas si longtemps.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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