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Les hiérarques

Dimanche 28 Novembre 2021 - 12:15

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Plus vieille formation politique de l’arène nationale, le Parti congolais du travail-PCT- est encore frappé en plein cœur. L’un des hommes qui l’a tant porté a tiré sa révérence, le 25 novembre 2021, à Brazzaville. Lékoundzou Itihi Ossetoumba, 80 ans, s’en est allé sachant que tout leader politique, appelé à servir la cause de son mouvement, trace sa voie entre succès et échecs sans renoncer. On se rappelle quelques étapes de ce cheminement pour lui.

Attaché à son parti, Lékoundzou le défendit bec et ongle dans le moment d’incertitude qui précéda la Conférence nationale souveraine de 1991, contre une entité qui lui jurait fidélité depuis deux décennies chaque fois qu’elle avait un mot à dire : la Confédération syndicale congolaise-CSC. Lors de son 8e congrès convoqué dans un climat de tension politique avérée, la CSC s’écarta de son rôle de témoin essentiel du parti unique dans sa relation avec le monde des travailleurs pour enfiler le costume de la désobéissance à celui-ci. Elle était tout de même dirigée par l’une des voix qui comptaient dans le parti.

A la reprise des travaux du célèbre congrès alors suspendu pour les raisons évoquées plus haut, délégué pour arrondir les angles, Lékoundzou eut le mot juste, en rappelant avec une certaine poésie aux syndicalistes que c’était quand même grâce au PCT qu’elle vilipendait désormais que la CSC devint « la grande, historique et dynamique Confédération syndicale congolaise ». Une évocation accueillie par quelques ovations, mais le cours des choses avait définitivement changé entre les futurs ex-parti et ex-syndicat uniques. 

En 1991 quand survint la Conférence nationale souveraine, au creux de la vague, le PCT put s’appuyer sur des hommes de conviction parmi lesquels Lekoundzou Itihi Ossetoumba et bien d’autres évidemment pour maintenir la tête hors de l’eau. Dans son cas, sa rhétorique contre le gouvernement du Premier ministre de transition, André Milongo, qualifié de gouvernement des « affameurs », lui valut un procès public, non pas pour diffamation mais pour soupçon de détournement de fonds publics. Il écopa de 15 ans de travaux forcés, peine non appliquée.  

En 1994, le président du parti, Denis Sassou N’Guesso, étant exilé en France, en l’absence du secrétaire général Ambroise Edouard Noumazalay, parti dans le même pays pour raison de santé, Lékoundzou, secrétaire chargé de l’Organisation du PCT, prit provisoirement la tête de celui-ci.  Ses admirateurs l’appelaient aussi Maradona, sans doute au regard de sa capacité à aller de l’avant, comme la légende argentine de football, Diego Armando Maradona. S’il a passé sa vie au service de son parti, Lekoundzou a aussi exercé des fonctions administratives importantes au niveau de l’exécutif comme ministre.  

En 2008 s’engagea une procédure d’envergure sur la refondation du PCT. Deux camps se formèrent, l’un prônant la refonte en profondeur du parti, l’autre opposant qu’il fallait laisser les choses en l’état. Rien ne bougea presque mais ayant connu moult turbulences depuis sa création en 1969, celle de la « refondation », comme les précédentes, laissa aussi des traces. Jusqu’à la réconciliation opérée au congrès de 2019. Lékoundzou et nombre d’hiérarques de la première heure furent désignés membres du comité d’honneur, pour l’ensemble de leurs œuvres au profit de leur parti. Parcours bien rempli pour « Maradona ».

Les Dépêches de Brazzaville

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