Opinion
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Meilleurs délaisSamedi 29 Janvier 2022 - 16:12 L’argument est séduisant, parce qu’il charrie une belle excuse. Dans une certaine mesure, il peut aussi passer pour être une belle esquive. Parlons de cette phrase magique à l’usage des hommes en uniforme qui ont fait le coup de feu ces derniers mois en Afrique de l’Ouest en direction des instances civiles de leurs nations pour en contrôler le fonctionnement. Moyennant une humiliation pure et simple infligée aux occupants des lieux, moyennant tout de même aussi, on en aperçoit les prémices, une volonté à peine voilée de régenter les libertés individuelles. En effet, pour ne pas se mettre à dos les partenaires extérieurs dont l’influence dans les affaires intérieures des pays pris dans cette tourmente des putschs peut être considérable, surtout quand ceux-ci sont persiflés, les autorités des transitions à Bamako, Conakry et Ouagadougou assurent qu’elles rétabliront l’ordre constitutionnel « dans les meilleurs délais ». Ne disons pas qu’elles ont tort. Pas en tout cas sur toute la ligne. Une fois aux affaires, comme on dit, il est certain que ces autorités se rendent compte de l’étendue des défis à relever. Et ils ne sont pas que sécuritaires comme le contexte de l’heure semble l’indiquer. Ils sont de tous ordres ! Contrairement à l’époque postindépendances, dans les années 1960 du siècle dernier, où le putsch avait prospéré sur l’absence de repères institutionnels, la jeunesse des Etats aidant, les armatures démocratiques, encore balbutiantes il faut en convenir, installées sur le continent les trois dernières décennies, se posent désormais en garantes des libertés publiques. Les peuples ont besoin de débattre ouvertement des questions qui touchent à leur quotidien, à l’avenir de leur pays. Les difficultés de parcours peuvent les faire taire quand l’armée décide de prendre les devants en politique, mais cela n’a plus vocation à durer trop longtemps. L’embarras des officiers en poste dans les palais présidentiels du Mali, de Guinée et depuis quelques jours du Burkina Faso vient à peu près de ce qu’ils sont poursuivis par un acteur incontrôlable: le temps. Combien il leur en faut pour s’installer réellement alors que pour les cas du Mali et du Burkina Faso la pression des groupes terroristes ne faiblit toujours pas ? Combien il leur en faut pour se légitimer aux yeux des formations politiques dont les dirigeants ont parfois risqué beaucoup pour que les acquis démocratiques des trente dernières années soient préservés ? Enfin, combien du temps il leur faudra pour réaliser que la transition est finie ? Ce sont là autant de problématiques qu’une transition mise en place dans les circonstances vécues par les trois pays peut avoir de la peine à résoudre. Passée la torpeur de la présence militaire, le moment pourrait venir où le soutien populaire dont se parent les trois régimes transitoires pour arguer de leur légitimité cédera le pas au doute, parce que les attentes du plus grand nombre ne seront pas comblées. En faisant la part des choses, on peut considérer que bien entendu, la rue a salué l’avènement des hommes en kaki du fait des difficultés conjoncturelles. Pour tout dire, ces régimes gagneraient à jouer franc-jeu avec eux-mêmes : prendre le courage de borner le délai de vie de la transition afin d’en sortir un jour, car les pays se portent mieux quand on les bâtit dans un esprit d’apaisement général. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |