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Dossier sensibleDimanche 13 Février 2022 - 6:47 Les chefs d’Etat et de gouvernement réunis les 5-6 février, à Addis-Abeba, à l’occasion du 35e sommet de l’Union africaine, n’ont pas polémiqué davantage sur le statut d’observateur accordé à l’Etat d’Israël en juillet dernier par le président de la Commission de l’organisation, Moussa Faki Mahamat. Avec un agenda chargé du fait, entre autres, de l’intrusion des militaires sur la scène continentale au Soudan, au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, il en a fallu de peu en Guinée-Bissau, les dirigeants africains n’ont pas souhaité en rajouter à leurs préoccupations. En renvoyant à plus tard le débat sur ce sujet sensible, ils ont choisi l’apaisement mais la question reste entière et se posera à nouveau lors du prochain sommet ordinaire en janvier 2023. L’Etat d’Israël mérite-t-il un statut d’observateur à l’Union africaine ? Telle en est la quintessence. Une commission s’y penchera sur et rendra ses conclusions le moment venu. De source diplomatique, elle comprendrait l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Sénégal, le Rwanda, la République démocratique du Congo, le Cameroun et le Nigeria. Les deux premiers pays de cette short list sont ceux qui avaient souhaité que le débat ait lieu séance tenante, à Addis-Abeba. Ils estiment qu’il serait injuste d’accorder un tel statut à Israël. En conflit territorial avec la Palestine depuis de longues décennies, Tel Aviv a, ces dernières années et au moyen d’une diplomatie offensive, entrepris de briser l’isolement qui l’avait longtemps maintenu à l’écart de certaines enceintes internationales. En Afrique et au Moyen-Orient notamment, cette opération de charme porte ses fruits à travers des accords de coopération et de reconnaissance mutuelle signés avec plusieurs pays. Dans à peu près dix mois, lorsqu’ils se retrouveront dans la capitale éthiopienne et qu’ils auront en main le rapport de la commission commise au traitement de cette question du statut d’Israël, les chefs d’Etat africains avanceront-ils en rang serré sur ce dossier ? Les oppositions seront-elles moins fortes que récemment ? La réponse peut être non. Et pour cause. Pretoria et Alger semblent inscrire leur rejet dans un argumentaire de principe : « Tant que la question palestinienne restera en l’état, qu’aucune forme d’indépendance ou de souveraineté ne serait reconnue à ce qui pourrait être un futur Etat palestinien, les yeux doux faits à Israël procéderont d’un arbitrage construit sur du deux poids deux mesures ». Les autres pays qui ne voient pas d’inconvénient au privilège dont jouirait Israël avec son statut d’observateur à l’Union africaine souscrivent à la realpolitk. Ils considèrent que le dialogue avec Tel Aviv est utile pour avancer sur la voie du règlement négocié du conflit. On ne saurait dire au regard de la complexité de ce dossier, si la réalité du terrain est favorable à l’une ou l’autre position. Assistera-t-on, peut-être, à un second report du débat sur la question ? L’Afrique qui fait face à plusieurs défis internes se murera-t-elle à nouveau dans une lutte idéologique qui faillit mettre à mal la naissance de son organisation dans les années 1960 ? Bien malin qui répondra à cette question. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |