Lettre ouverte

A M. Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie.

Excellence, monsieur le président, au terme de longues réflexions avec les stratèges de votre pays et au vu des tensions croissantes qui opposent votre grand pays aux nations occidentales, vous avez décidé de prendre le contrôle de l’Ukraine. Exactement comme vous l’aviez fait, il y a huit ans, en annexant purement et simplement la Crimée dans le but de contrôler militairement la Mer Noire et l’accès à la Mer d’Azov.

En agissant ainsi, vous avez provoqué un conflit avec les anciens pays membres de l’ex-Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) et, de façon plus générale, avec l’Union européenne qui avait accueilli en son sein plusieurs de ces nations, un conflit dont personne ne peut dire aujourd’hui ce qu’il sortira. Vous avez aussi déstabilisé l’une des régions du monde les plus riches, les plus prospères et créé les conditions d’un nouveau désordre stratégique, diplomatique, économique, financier que personne ne saura gérer. Désordre dont, inévitablement, le peuple russe paiera lui-même les effets au prix fort.

Permettez-nous de vous dire que vous commettez, ce faisant, une erreur dramatique à tous égards qui n’est pas sans rappeler celles dont les peuples européens ont subi les conséquences tout au long des deux siècles précédents avec les guerres mondiales qui coûtèrent la vie à des dizaines de millions d’êtres humains pris dans l’étau de la violence. Et donc de vous conseiller fortement de faire, comme on dit en langue populaire, « machine arrière » tant qu’il en est temps.

L’annexion de l’Ukraine que vous avez programmée et dont nous vivons tous les premiers jours ne peut, en effet, que coûter finalement très cher à votre pays. Outre le fait qu’elle rendra instable cette partie du Vieux continent, elle freinera dangereusement, sinon même bloquera purement et simplement la marche de votre propre peuple vers le progrès social. Tôt ou tard, prenez en conscience dès à présent, elle suscitera chez vous une révolte plus ou moins souterraine semblable à celle qui fit imploser l’Union soviétique il y a trois décennies.

N’oubliez jamais, monsieur le président Vladimir Poutine, que vous êtes un être humain, donc fragile et vulnérable, que vos jours sont comptés comme ceux de chacun de nous, que vous devez donc veiller dès à présent à garantir la paix et la sécurité à tous ceux qui vous entourent. Et n’oubliez pas non plus que l’Histoire, la grande Histoire, jugera de façon impitoyable les actions que vous aurez entreprises tout au long de votre existence. Sans compter, bien sûr, le fait que s’il existe une autre vie après la mort, vous devrez répondre de vos actes présents et à venir.

Monsieur le président, écoutez donc avec la plus grande attention, ce que vous disent aujourd’hui les patriarches de l’Eglise orthodoxe. Et jouez la carte de la paix plutôt que celle de la guerre. Votre avenir dans le monde d’après en dépend très directement.

Parole de croyant !