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Mali: on s'installe

Samedi 26 Février 2022 - 15:30

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La transition politique en cours au Mali et les dispositifs qui l’entourent montrent que l’on est encore loin de trouver un terrain d’entente. Entre Bamako et une partie de la communauté internationale, tout comme avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), rattraper un certain nombre de choses, en particulier la durée du régime en place depuis plus d’une année, est toujours en débat. A l’usure, la junte militaire accommode un statu quo de plusieurs mois supplémentaires, voire de plusieurs années dans le dessein de proscrire toute contestation de sa légitimité au plan intérieur avant un retour probable à l’ordre constitutionnel.

A mesure qu’ils prennent possession de toutes leurs prérogatives au sommet de l’Etat malien, les militaires dessinent les contours de ce qui pourrait être une sorte de « rassemblement » national, dans lequel la plupart des acteurs politiques en vue seront plus ou moins impliqués dans la gestion de la transition à travers leur présence dans les institutions publiques. C’est pour cela que tombent, les unes après les autres, les principales clauses qui furent annoncées dès le premier putsch de septembre 2020. De ce fait, le discours qui consistait à dire que les hommes en uniforme ne resteraient pas longtemps au pouvoir appartient désormais au passé.

Au terme des consultations nationales organisées au mois de décembre dernier, les autorités de la transition ont estimé que le délai de dix-huit mois n’était pas réaliste pour convoquer les élections. Le 27 février 2022, qui devait marquer le retour des militaires dans les casernes comme ils l’avaient promis, a donné lieu, si on peut dire, au démarrage d’une nouvelle transition dont l’horizon attend d’être explicitement fixé. Le temps pour ceux qui sont en poste d’obtenir les résultats probants sur le front sécuritaire en poursuivant la lutte contre les groupes djihadistes et peut-être aussi d’accomplir plus qu’un quinquennat à la tête du Mali et penser à passer la main.

De fait, au-delà des différends liés à la fin du régime d’exception, la question essentielle pour le Mali est cette menace terroriste qui affecte toute la région du Sahel. En près de neuf ans, la présence des forces étrangères, en particulier françaises, et le sacrifice des hommes engagés au côté de Bamako suscitent des interrogations en raison des résultats jugés en deçà de la moyenne. Aussi paradoxal qu’il paraît, il n’a pas été observé, des Etats voisins préoccupés par la situation du Mali, une mobilisation destinée à combattre ce danger transfrontalier en constante évolution.

Et le dilemme entre les parties reste entier. D’un côté la Cédéao maintient ses exigences d’une transition plus courte, de l’autre le partenariat avec la France vit sa pire crise depuis soixante ans. De ce fait, le salut pour le gouvernement malien de transition viendrait peut-être du champ de bataille. Si, en effet, les forces armées maliennes parviennent à desserrer l’étau contre les forces négatives et obtiennent des victoires significatives sur le terrain dans les délais raisonnables, toutes les chancelleries du monde ne se presseront peut-être pas vers Bamako, mais le regard des voisins et partant des partenaires multilatéraux opposés au pouvoir kaki pourrait changer.

Dans l’hypothèse où un tel succès était obtenu, que les militaires maliens accepteraient de borner la fin de la transition pour éviter que le pouvoir les corrompe, la question se poserait moins de savoir avec l’aide de quelle puissance alliée on est enfin venu à bout des groupes violents qui pillent et massacrent la population civile sans raison. Dans toute situation inespérée, on peut le dire du cas du Mali aujourd’hui, ne pas rompre le dialogue peut garantir une issue heureuse pour tous. Encore faut-il que la transition malienne ne s’inscrive pas dans la perspective d’un long bras de fer avec ceux qui veulent lui parler. 

Gankama N'Siah

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