L'oiseau rare

L’an 2022 s’est achevé sur une note d’égoïsme. A l’échelle de la communauté internationale notamment, les démons du repli sur soi que l’on croyait éloignés après la chute du mur de Berlin en 1989 et la fin de la guerre froide ont dangereusement ressurgi. Le fameux rideau de fer séparant l’Est et l’Ouest, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, a repris ses armures avec un tel ancrage que l’on entre traqué par la même angoisse dans la nouvelle année qu’hier. 

S’achemine-t-on vers une troisième guerre mondiale ? Cette question a été posée à maintes reprises les douze derniers mois à l’aune du conflit russo-ukrainien. Reléguée au second plan par la rhétorique guerrière, la diplomatie n’a pas été comme par le passé ce recours indispensable à l’élévation des passerelles entre les Etats pour rendre le monde meilleur. Elle a été malmenée parce que la volonté de domination l’a emporté sur l’impératif du consensus et de la conciliation. 

Comme il ne faut jamais perdre l’espoir- les humains n’ayant aucun autre espace de vie que celui qu’ils ont à leurs pieds- pourrait-on voir émerger une lueur d’accalmie dans le fracas des bombes qui frappent indistinctement les infrastructures civiles et militaires à l’Est de l’Europe ? A bientôt douze mois, contrairement aux discours toujours farouches que l’on entend de part et d’autre, ce conflit fratricide et ceux qui le vivent sur le terrain ont pris de l’âge car la guerre vieillit.

Bien sûr, on peut croire qu’à Moscou comme à Kiev, personne ne veut perdre la face. Pour autant, dans les jours et les semaines à venir, les belligérants pourront recourir à des initiatives plus ravageuses en termes de destruction pour marquer le coup. Dans le même temps, l’homme, la femme ou l’organisation qui réussira à amener Russes et Ukrainiens autour de la table se hissera au rang de cet oiseau rare que l’échec de la diplomatie rend tragiquement introuvable.