Les mensonges de la guerre préventive et l’arrogance impériale

Pendant longtemps, les experts occidentaux du “vote en guerre” ont bâti un discours dangereux. Ils ont habillé d’un vernis moral et juridique des expéditions punitives, des invasions militaires et des opérations secrètes conduites par les armées impériales contre des peuples libres. Ce discours, longtemps accepté sans contestation majeure dans les médias dominants, justifiait les « guerres préventives » — un concept qui, rappelons-le, n’existe pas en droit international.

Cette idée de guerre préventive — attaquer un pays sous prétexte qu’il pourrait devenir une menace — a été inventée pour contourner les principes de souveraineté des peuples. Elle a servi à masquer de véritables entreprises de domination économique, idéologique et géopolitique. Et les résultats sont là : chaos, misère, instabilité.

Regardons les faits. Partout où les puissances occidentales sont intervenues militairement au nom de la démocratie, elles ont souvent remplacé des régimes autoritaires par des régimes pires encore, ou laissé place à l’anarchie totale. En Irak, en Libye, en Syrie, les interventions extérieures n’ont pas apporté la paix. Elles ont détruit des États, démantelé des services publics et ouvert la voie à des conflits sanglants, à la migration massive et à la perte de repères civilisationnels.

Pourtant, ces mêmes puissances viennent aujourd’hui donner des leçons de démocratie à l’Afrique en exigeant des alternances politiques, des élections crédibles et des régimes ouverts. Quelle ironie ! Ceux qui financent des coups d’État, arment des groupes rebelles et soutiennent des régimes corrompus dès lors qu’ils servent leurs intérêts stratégiques, prétendent incarner la morale universelle.

Et pour que cette morale s’impose, les puissances impérialistes ont recours à une machine médiatique écrasante. Médias d’État, agences de presse, réseaux sociaux, cinéma, radio, presse écrite : tous les canaux sont mobilisés pour imposer une version univoque du monde. Une version où le fort a toujours raison, où les bombes tombent au nom des droits de l’homme, où l’on parle d’exporter la démocratie tout en détruisant les nations.

Plusieurs dirigeants occidentaux comme en France n’hésitent plus à insister sur la nécessité pour leurs pays de parler plus fort à l’étranger. L’un d’entre eux affirme publiquement qu’il faut donner davantage de moyens aux médias publics pour que la voix de son pays porte plus loin... L’objectif visé par cette stratégie est de contrôler la narration mondiale et modeler l’opinion des peuples africains pour qu’ils acceptent l’inacceptable. Pour qu’ils croient que l’ingérence, les bases militaires étrangères, les accords commerciaux inégaux sont des choix libres, et non des contraintes imposées par la force et la dette.

Mais aujourd’hui, cette stratégie s’effondre. Le mythe de la guerre préventive a perdu toute crédibilité. Le droit international ne la reconnaît pas, l’histoire récente l’a condamnée, et les peuples en subissent les conséquences. La puissance militaire ne donne pas le droit de dominer.

Alors posons la vraie question : à quoi doit servir la puissance ? À punir ? À imposer ? Ou à réparer ? À construire ? Une armée forte devrait-elle être l’instrument d’une paix durable ou l’arme d’un nouvel impérialisme ? Le moment est venu de tourner la page. De construire un nouvel ordre mondial fondé non sur l’hypocrisie morale et la violence déguisée, mais sur la justice, la souveraineté des peuples, le respect mutuel. Un monde où aucun État, aussi fort soit-il, ne s’arroge le droit de redessiner les cartes ou de faire tomber des gouvernements au nom d’intérêts supérieurs qui ne profitent qu’à lui seul.

Les peuples d’Afrique et d’ailleurs n’ont pas besoin de tutelle. Ils ont besoin d’espace, de vérité et de respect.