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Jusqu’où ira le Sud global ?Mardi 9 Septembre 2025 - 18:42 Le 3 septembre 2025, la République populaire de Chine a célébré, avec faste, les 80 ans de sa victoire sur l’armée japonaise. Au-delà d’un simple exercice de mémoire, cet événement, précédé quelques jours auparavant par la conférence de l’Organisation de la coopération de Shanghai ayant réuni autour du président Xi Jinping les figures importantes d’un Sud global en pleine affirmation parmi lesquelles le Premier ministre indien Narendra Modi, a été diversement commenté. La présence en Chine de dirigeants tels que Vladimir Poutine, Kim Jong Un, Denis Sassou N’Guesso ou encore Emmerson Mnangagwa a révélé une dynamique d’adhésion symbolique et stratégique. En toile de fond. La commémoration s’était transformée en un acte de projection : vers un monde réorganisé, plus multipolaire et moins inféodé aux puissances mondiales. Les images fortes de ce rassemblement ne relèvent pas uniquement de l’orchestration diplomatique. Elles ont traduit une volonté claire. Celle de construire une alternative au système international actuel. Ce Sud global – longtemps marginalisé – revendique aujourd’hui un rôle moteur. Les alliances informelles ou émergentes entre puissances asiatiques, africaines et latino-américaines remettent en cause l’hégémonie occidentale. L’idée d’un axe Sud-Sud de puissance n’est plus une utopie, loin s’en faut. Elle s’incarne désormais dans des échanges bilatéraux, des projets conjoints d’infrastructures, des coopérations militaires, et une vision partagée d’un ordre mondial « décolonisé ». L’initiative de « Nouvelle gouvernance mondiale » portée par le président chinois Xi Jinping apparaît comme le point d’ancrage de cette bascule. En mettant en avant les concepts d’équité, de respect de la souveraineté et de développement mutuel, cette initiative se présente comme un contre-modèle aux institutions dominées par l’Occident, telles que la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international. En réalité, il s’agit d’un projet structurant, où la Chine propose à ses partenaires une place à la table des décisions, en échange d’un consensus stratégique. Pour les pays du Sud, cette offre séduit, d’autant plus qu’elle s’accompagne d’aides massives, de transferts de technologies, et d’un discours de non-ingérence qui contraste avec le ton paternaliste et moralisateur imputé aux Occidentaux. Que personne ne se fasse d’illusions. La montée en puissance de ce nouvel ordre mondial ne se fera pas sans grincement de dents. L’Occident ne saurait assister à cette réorganisation du monde sans broncher. Ainsi, il pourrait multiplier de stratégies de blocage, telles que des sanctions économiques, des campagnes de dénigrement ou la réactivation des bras armés pour tenter de sauver désespérément l’ordre établi. Par ailleurs, le Sud global n’est pas monolithique. Des divergences existent – économiques, culturelles, stratégiques – entre ses membres. La réussite de cette reconfiguration dépendra donc de sa capacité à construire une vision commune, au-delà des intérêts nationaux. Le monde bascule, certes, mais rien n’est encore écrit. Toutefois, la question reste ouverte : jusqu’où ira le Sud global ?
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