Opinion
- Éditorial - Les Dépêches de Brazzaville
- Réflexion - Jean-Paul Pigasse
- Le fait du jour - Gankama N'Siah
- Humeur - Faustin Akono
- Chronique - Boris Kharl Ebaka
- Brin d’histoire - Mfumu
- Tribune libre - Sergueï Lavrov
- Idées-forces - Les Dépêches de Brazzaville
- Analyse - Xinhua
Accord d'étapeLundi 6 Avril 2015 - 11:15 Au terme de plusieurs années de pourparlers laborieux, Américains, Français, Russes, Chinois, Britanniques, Allemands et Iraniens sont parvenus à un compromis historique le 2 avril, à Lausanne, en Suisse. La diplomatie ayant toujours, plus que la politique pure, une longueur d’avance sur les événements, les négociateurs des deux camps ont trouvé un terme presque savant pour désigner cet arrangement : accord d’étape. Les représentants des cinq pays membres du Conseil de sécurité de l’Onu, formant avec l’Allemagne le groupe appelé G-5 + 1, ne pouvaient pas être mieux inspirés. Au regard des appréhensions, tangibles sur l’aboutissement final du processus d’apaisement ainsi enclenché, cet accord n’est pour l’heure qu’un simple formulaire à remplir, qui pourrait, du jour au lendemain, devenir illisible si les parties en présence ne s’entendent pas sur son applicabilité. Le chemin reste long, pourrait-on dire, d’ici au 30 juin, date « buttoir » retenue par les plénipotentiaires pour la conclusion d’un accord définitif. Au moins, une chose est certaine : les pays du G-5 +1 ont fini par considérer l’Iran, non plus comme un ennemi infréquentable, mais comme un partenaire pour la paix. À l’annonce de ce résultat, les Iraniens ont jubilé, estimant que la levée des sanctions internationales qui plombent l’économie de leur pays depuis des décennies, contre le différemment de leur ambition atomique, se traduira par un retour à la normale dans plusieurs secteurs de la vie nationale. Il ne pouvait en être autrement, car même si la communauté internationale, les États-Unis en tête, avait opté pour la guerre avec l’Iran, l’embrasement aurait encore un peu plus désarticulé cette région du Proche-Orient déjà si mal en point. La situation en Irak et en Syrie, caractérisée par des violences à n’en plus finir, montre que la guerre à tout prix n’est pas toujours le meilleur choix pour résoudre des problèmes complexes sur lesquels s’imbriquent les notions de droit international et de souveraineté des États. C’est sans doute au regard du tableau sombre façonné par les conflits récurrents dans cette partie du monde, que Washington et ses alliés occidentaux ont mis beaucoup d’eau dans leur vin et, à l’unanimité, ignoré la campagne de rejet de tout rapprochement avec l’Iran menée à corps perdu par Israël avant le « dénouement » de Lausanne. Il faut pourtant souligner qu’en agitant le spectre de la menace iranienne qui pèserait sur leur pays, les autorités israéliennes n’ont pas totalement tort. Un voisin qui prône votre destruction et le répète à chaque fois doit être difficilement pris au sérieux. En revanche, d’un autre point de vue, Tel-Aviv mobilise contre lui beaucoup de détracteurs au regard notamment de sa politique en Palestine, alors même que - de nombreux observateurs sont de cet avis - l’avènement d’un État palestinien viable pourrait, dans une large mesure, être un début de solution à l’instabilité de la région. Suivant ce qui s’est passé à Lausanne, devrait-on, si Dieu le veut, envisager pour Israël et ses voisins, un engagement de reconnaissance mutuelle, qui précéderait la fin des préconisations destructrices devant lesquelles le moindre signe de normalisation de leurs relations a toujours été étouffé dans l’œuf. Pour y parvenir, il faut des politiques capables de se surpasser, de distribuer la confiance en lieu et place de la peur et de la haine qui raidissent les positions de part et d’autre ; il faut des hommes déterminés à se projeter vers le futur pour conclure, enfin, comme les Occidentaux et les Iraniens viennent de le faire, une paix des braves, même si elle devait s’appeler précautionneusement « accord d’étape ». Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) |