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Gare à l’intoléranceJeudi 11 Juin 2015 - 16:56 Le Congo est un pays de paradoxes où les acteurs politiques veulent d'une chose et de son contraire en même temps. Lors de la Conférence nationale souveraine en 1991, quand les Congolais dénonçaient l’intolérance en politique, chacun croyait y aller de son bon droit. Pourtant, au terme de la toute première alternance démocratique, en 1992, le Congo a vite replongé dans les mêmes travers qui se résument en des violences politiques. L’Upads, le parti au pouvoir d’alors, à l’opposition aujourd’hui, se laisse emporter par une forme d’intolérance naguère décriée. En effet, ce parti vient de sanctionner trois de ses cadres pour avoir pris part, à titre individuel, aux consultations initiées par le président de la République du 20 mai au 04 juin 2015. Les observateurs avertis de la politique congolaise pouvaient penser que la principale formation de l’opposition avait tiré les leçons de son exercice du pouvoir (1992-1997), en mettant un bémol de responsabilité dans sa façon d’apprécier politiquement une situation. En agissant ainsi, il est à craindre que le parti de Pascal Tsaty Mabiala vient de donner la preuve qu’il a encore un long chemin à parcourir pour comprendre que chacun de ses membres est libre en tant qu’individu et en tant que citoyen. La sanction disciplinaire, dans le cas de l’Upads, se justifierait si ses membres, en répondant à l’invitation du chef de l’État, avait parlé au nom du parti et l’avait engagé. Or, Ange Édouard Poungui, par exemple, a été invité en sa qualité d’ancien Premier ministre. Clément Mouamba, lui, a répondu à l’invitation du chef de l’État avec le statut d’ancien ministre. Quant à Kignoumbi Kia Mboungou, outre le fait d’être membre de l’Upads, il dirige une association, La Chaîne, sous le label de laquelle il s’est présenté aux législatives en 2012. Personne de ces trois responsables n’a – du moins devant la presse – dit qu’il représentait l’Upads aux consultations. Ce qui rend incompréhensible la sanction du parti contre eux. Déjà, le communiqué de presse publié le 22 mai 2015 par l’Upads renseignait sur une chasse aux sorcières à engager contre d’éventuels « récalcitrants » du parti. Le texte mettait en garde « tous les cadres du parti et dirigeants du parti qui prendraient part, sous quelque prétexte que ce soit, aux consultations en cours, même à titre individuel». Une prise de position étonnante pour un parti qui a dirigé le Congo et dont on devait reconnaître une certaine expertise même si, il est vrai, c’est sous son règne que le pays a versé dans la guerre (5 juin 1997). L’intransigeance, disons l’intolérance, dont a fait montre l’Upads rejoint celle du Frocad, le Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique. En plus de ne pas disposer d’un programme commun, le Frocad est une alliance circonstancielle de partis, l’Upads comprise, qui se fréquentent occasionnellement. Pour les mêmes motifs, il a sanctionné la Dynamique pour le développement du Congo (Ddc) d’Armand Mpourou. Ce dernier, qui déclare ne pas comprendre cette sanction, estime que « Pour écoper d’une sanction, vous devez avoir un protocole d’accord, un règlement intérieur et des statuts qui fixent les conditions de fonctionnement. Nous ne nous attendons à aucune sanction, parce que nous faisons la politique pour défendre l’intérêt général de la population. Nous sommes libres de décider sur une situation lorsqu’elle est juste. Nous allons le faire, s’il s’agit de reprendre cette visite, nous irons une fois de plus voir le président de la République pour lui dire ce que nous pensons, parce que nous le faisons avec conviction et non par ambition ». À chacun d’en juger, mais s’il y a à tirer les leçons de sa pratique politique, on dirait de l’Upads qu’elle a manqué l’occasion de faire la différence entre l’intérêt supérieur de la nation et les querelles de personnes. Peut-être faudrait-il donner raison à l’ancien ministre Clément Mouamba qui affirmait à la presse, à sa sortie d’audience avec le chef de l’État, le 3 juin, qu’il y a au Congo « beaucoup d’hommes politiques, mais peu d’hommes d’État » ! Valentin Oko Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |