« Laudato si’ »

En publiant à Rome, jeudi dernier, l’encyclique « Laudato si’ » consacrée aux dangers qui menacent la planète Terre, le Pape François a jeté dans la mare humaine un pavé dont les vagues ne sont pas près de se calmer. Il a, bien sûr, fustigé le comportement des sociétés riches qui dégradent notre environnement de façon irréversible ; mais il a aussi appelé le monde entier à prendre conscience des inégalités qui ne cessent de s’accroître et qui, tôt ou tard, provoqueront des crises auxquelles il sera impossible de porter remède.

Résumées dès vendredi matin par le quotidien catholique La Croix, les propositions formulées dans cette encyclique sont au nombre de dix : sauver la planète, « notre maison commune » que menace la suractivité humaine ; lutter contre les inégalités ; ne pas limiter artificiellement la population du globe ; encourager les énergies renouvelables ; rendre le monde plus fraternel ; envisager la décroissance en favorisant des modes de vie plus sobres ; agir au quotidien pour construire un monde meilleur ; contempler la création pour mieux respecter la nature ; suivre une écologie intégrale ; ouvrir un dialogue avec tous « au sujet de notre maison commune ».  Autant d’idées témoignant d’une réflexion d’ensemble sur l’avenir de l’Homme qui doit évidemment beaucoup au fait que le Pape François a vécu la plus grande partie de sa vie dans les quartiers pauvres de Buenos Aires, l’une des plus grandes cités de l’hémisphère sud.

De façon claire, et à plusieurs reprises, « Laudato si’ » dénonce les conséquences dramatiques que provoquent la suractivité industrielle des grandes nations et l’accroissement des inégalités entre les nations. Il ne plaide pas seulement pour  le respect de la nature, mais aussi et surtout pour une justice sociale qui nous permette enfin de « sortir de la spirale d’autodestruction dans laquelle nous nous enfonçons ». Au-delà de la crise écologique qui menace la planète, il appelle à une « approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour  rendre la dignité aux exclus et, simultanément, pour préserver la nature ».

Il ne fait aucun doute, pour nous en tout cas, que cet appel influencera fortement la conférence sur le climat qui doit se tenir à Paris à la fin de cette année 2015.