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Hymne à SibitiDimanche 19 Juillet 2015 - 15:13 SIBITI ! Tu n’as voulu ni les honneurs ni la gloire, tu n’as voulu ni les richesses ni la puissance. Oui tu es restée toi-même, parce qu’en cet instant solennel aucune richesse ne pouvait valoir ton hospitalité. Cette hospitalité que ne peuvent mesurer ni les hésitants ni les rancuniers. Mais dont l’histoire rendra un jour hommage, car se souvenant qu’à Sibiti les Congolais ont posé les bases d’un nouveau pacte social. Ils s’en souviendront éternellement comme d’un concile car plus que de simples discours et de vains mots pour bousculer notre esprit, les conclusions auxquelles sont parvenues les délégués aux assises qui se sont tenues, cinq jours durant chez toi, resteront mémorielles. Désormais tous les Congolais diront de toi qu’a Sibiti est né un nouveau Congo : le Congo de la paix, de la concorde et de l’unité nationale. Mais c’est aussi une charge historique et essentielle car ces mêmes gens ne tarderont pas à te maudire si jamais ces engagements venaient à être trahis. Ton nom sera associé à cette malédiction qui s’abattra sur nous tous. Comment pourrait-il en être autrement quand ceux qui ont hérissé des herses de haine dans notre société ne semblent pas baisser la garde. Pour les uns, Sibiti est un non-événement. Pour les autres Sibiti restera à jamais gravée dans la mémoire comme le lieu où fut décidé le nouveau contrat social. Sibiti, ville jadis hantée par des assassinats crapuleux des anciens accusés souvent de sorciers, ville des crépuscules funestes et de l’obscurité, te voilà parée de milles couleurs pour offrir avec élégance à tes hôtes une hospitalité digne des villes modernes. Tu as hissé très haut l’étendard de la concorde pour que les hommes et les femmes qui s’y sont retrouvés parviennent à un compromis historique. C’est vers toi que se sont tournés pendant cinq jours durant, les regards de tous les Congolais. Car c’est toi qui leur as offert ce qui était le plus cher en ces jours de doute et de division : le dialogue, cette vertu nécessaire pour dissiper les malentendus inévitables du vivre ensemble. À vous tous qui êtes allés à Sibiti et à tous ceux qui, pour diverses raisons, n’ont pu effectuer ce déplacement, sachez qu’en politique, ce ne sont pas seulement les discours qui comptent ou les mots qui portent. Mais ce sont surtout les faits et les actes, le résultat. Les délégués aux assises de Sibiti, toute proportion gardée, peuvent se réjouir d’avoir posé les fondements de la nouvelle République. En effet, en décidant de faire évoluer les institutions républicaines vers une nouvelle configuration qui se décline en un nouveau partage de compétences institutionnelles entre les différents pouvoirs, vous avez pris rendez-vous avec l’histoire. Vous avez tracé la voie à suivre pour nous aider à cheminer avec bonheur et sérénité vers un Congo nouveau, le Congo de la paix, de l’unité nationale, et de la concorde. C’est notre but à nous tous. Mais cette voie dans laquelle vous nous engagez nous permettra t- elle d’atteindre ce but ? Y a-t-on enlevé toutes les peaux de bananes jetées çà et là pour nous faire glisser vers la haine et la violence, vers l’intolérance et l’arrogance ? Comment allons-nous désormais traduire dans les actes ces avancées ? Que ferons-nous de cette belle exhortation du ministre d’État, Directeur de Cabinet du Président de la République qui, dans son discours d’ouverture, avait proscrit les diatribes, le dictat et l’invective ? En sera-t-il désormais ainsi dans nos assises politiques ? Autant de questions que les Congolais vous poseront. Avec celle-ci encore : avons-nous aussi abattu tous les murs de haine, élevés dans nos cœurs, qui nous empêchent de voir l’autre comme un citoyen différent mais indispensable pour la construction du pays ? Tous ces comportements, et d’autres encore, sont des freins à notre marche vers un Congo nouveau. Vous avez posé les jalons de la nouvelle République assise elle-même sur des valeurs de paix, d’acceptation de la différence, de tolérance et d’écoute. Ce sont ces valeurs fondamentales qui guideront notre existence commune. Désormais, nous serons unis dans la différence, nous regarderons tous dans la même direction afin que personne ne soit mis au le bord de la route. Ces propositions qui seront examinées dans les jours à venir par les instances habilitées, Assemblée Nationale, Sénat et Gouvernement seront traduites en actes et lois qui poseront les fondements de la nouvelle République attendue. Celle-ci se construit maintenant. Et elle exige que soient débarrassées de notre route toutes les habitudes pernicieuses qui nous caractérisent, nous les Congolais en général, et vous acteurs politiques en particulier. Ces habitudes ne sont autres que l’intolérance, l’arrogance, l’orgueil, le non-respect de la loi qui freinent, autant que bien d’autres, notre marche vers le progrès.
Emmanuel Mbengue Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |