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Denis Sassou N’Guesso et la posture républicaine dans son discours sur l’état de la Nation

Lundi 24 Août 2015 - 10:45

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Il faudra désormais prendre l’habitude de rechercher l’explication politique des discours des hommes et femmes congolais qui nous gouvernent.

Prenons prétexte du discours à la Nation du chef de l’État, Denis Sassou N’Guesso, pour montrer comment souvent République et Démocratie sont confondues dans les pays africains et donc au Congo Brazzaville.

Le Président de la République a évité cet écueil en valorisant la République pour mieux la compléter par la Démocratie. La République renvoie à l’intérêt général et la citoyenneté, la Démocratie aux particularismes et différences du peuple.

Le Président Denis Sassou Nguesso a choisi un angle d’attaque républicain en mettant en valeur les réalisations de l’État sous sa gouvernance tant sur les plans politiques et matière de stabilité, de cohésion sociale, de mise en place des institutions que dans les domaines économiques sur ce qui a été fait et sur ce qui reste à faire.

Il rassure la plupart des hommes politiques de l’opposition et de la majorité en déclarant que les délais constitutionnels en matière d’élection présidentielle seront bien tenus (juillet 2016). Le chef de l’État met en avant le concept républicain alors que certains attendaient qu’il se prononçât sur la question du référendum après le dialogue de Sibiti et les recommandations qui lui ont été soumises pour appréciation. Le discours de Denis Sassou N’Guesso est donc républicain et dépasse de loin les particularismes démocratiques que l’opposition met en avant au nom d’une différenciation stratégique et sociale. Le chef de l’État pense le Congo d’abord sur le plan de l’indivisibilité de la République, de sa laïcité. La démocratie, surtout sociale, n’est pas niée car le Président de la République qui s’interroge à haute voix sur le vivre-ensemble dans nos villes, dans nos villages et sur la manière dont la République a assuré la paix en atténuant les tensions claniques et tribales.

Son discours à la Nation est considéré comme un discours bilan après les troubles politiques que le Congo a connus à partir des années 1990. Ce bilan est marqué par une valorisation de  la  place de l’État dans la construction de la République par la réalisation des infrastructures, la création des biens et services collectifs (centres de santé) et par l’augmentation du pouvoir d’achat des étudiants grâce à la revalorisation des bourses. Cette augmentation concerne aussi les salariés dont le salaire minimum est aujourd’hui de l’ordre de 110 000 CFA avec une promesse d’augmentation pour les années à venir. 

En terminant son adresse à la Nation par la place occupée par la diplomatie congolaise dans la résolution des crises en Afrique depuis 2002 à ce jour, Denis Sassou N’Guesso montre que le Congo a une place particulière au sein de l’Union africaine et que le pays contribue à la résolution des conflits en Afrique. Le point focal est la fin du discours du Président de la République quand il explique que le Congo a besoin de stabilité, de sécurité pour une paix pérenne, perpétuelle afin d’entreprendre la construction de la Nation. Ce débat est fondamentalement démocratique car c’est le peuple qui est concerné. Mais le peuple ne peut exister que dans des structures républicaines acceptées de tous. Il ne s’agit ni de gommer, ni de refuser les différences sur lesquelles s’appuient certains partis politiques pour expliquer la République. C’est un jeu dangereux et un piège évité par le Président Sassou qui, d’emblée, a endossé les habits de républicain pour renforcer ceux-ci par les attentes démocratiques des populations.

Au moment où notre pays va rentrer dans une période importante pour l’équilibre de ses institutions, il est indispensable que les Congolais se souviennent de cette opposition fine entre République et Démocratie, mais qui finit toujours par une réconciliation. 

Lucien Pambou, Professeur de Sciences économiques et politiques,

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Édition Quotidienne (DB)

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