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Grégoire Léfouoba évoque la fonction des intellectuels face au pouvoirMercredi 19 Août 2015 - 20:30 Mon propos consiste à dire précisément qu'un intellectuel n'est pas quelqu'un dont on peut prédire les positions publiques, ni les enfermer à l'intérieur d'un slogan, de l'orthodoxie d'un parti ou d'un dogme immuable. L'affiliation politique, l'appartenance ethnique ou nationale et les fidélités juvéniles ne doivent à aucun moment prendre le pas sur les critères de vérité attachés au malheur ou à l'oppression. Rien ne défigure plus l'image d'un intellectuel que le louvoiement, le silence prudent, le vacarme patriotique et le reniement théâtral. Je contexte le vacarme politique ou encore la théâtralité de l'incidence du reniement. Ayant été agressé par un vacarme contreproductif, éloigné de mon éthique en la matière, j'ai voulu partager en cette période de surenchère verbale et d'alignement presque pavlovien pour faire nombre et sans discernement des postures idéologiques et politiques, cette réflexion sur la place du mot dans l'espace public. Dans ses cahiers de prison, Antonio Gramsci, marxiste italien, militant, journaliste et brillant philosophe politique emprisonné par Mussolini écrivait " On peut dire que tous les hommes sont des intellectuels mais que tous les hommes n'ont pas la fonction d'intellectuel." Je suis un intellectuel de gauche. En France j'aurais milité au Pari communiste ou au Parti Socialiste. Telle est mon identité politique. Je suis anticapitaliste et fier de l'être car l'avenir est dans l'Humanité de gauche, le reste c'est une forme d'anomie (sociale). Qu'est ce qu'un mot ? Du latin, muttum signifie grognement ou élément de la langue constitué d'un ou plusieurs phonèmes et susceptible d'une transcription graphique comprise entre deux blancs. Dans le cas de notre intention, il s'agit d'une sentence, d'une parole historique ou alors d'une parole remarquable par la drôlerie, le bonheur de l'expression, l'invention verbale. On peut à juste titre dire que c'est en définitive, un élément d'information traité d'un seul tenant dans un texte ou dans un ordinateur. Les mots renseignent donc et indiquent, tel est leur destin. Quand le renseignement et l'indication sont faux, il y a manifestement un quiproquo assez préjudiciable. D'où la précaution que l'on prend à observer une discipline quand en public ou en privé, on prend la parole. Pour comprendre une société moderne, il suffit d'observer la conduite des automobiles, l'allure des chauffeurs, leur indélicatesse pour se faire une idée du pays dans lequel on se trouve. Comme pour observer le niveau culturel d'un pays, le meilleur indice se trouve dans la rédaction des journaux soumis aux lecteurs. De cette manière, on juge rapidement d'un côté le degré de culture par la courtoisie des conducteurs d'automobiles et de l'autre, plus ferme, on photographie un pays ou une ville par la qualité des articles dans les journaux pour en mesurer le degré de la vraie ou fausse conflictualité. Je viens de faire une expérience étrange et l'on peut bien se rendre compte du venin que peut transporter un mot dans une société, simplement par une manigance dont le but est de construire une fusion disparate des énergies sociales pour un but qui peut être sublime pour les activistes-en-situation de rejet et dont la formulation du sens historique n'est pas forcément pour les mêmes enjeux. Un cas d'école aiderait à comprendre le jeu de la force des mots et leur puissance destructrice pour un pays comme pour un homme. Dans La Tribune D’Afrique N°047 du 13 août 2015, l'interview que j’ai accordée porte le titre suivant : « Notre démocratie est en panne faute de démocrates ». Cependant, pour le grand intérêt que « La Griffe » a toujours accordé à mes propos, et ayant repris son confrère "La Tribune d'Afrique" ce journal introduit un titre qui n'est pas un reflet des phrases prononcées au cours de cette interview. Dès lors, que penser de cette presse ? Dans la rubrique « Lu pour Vous », un autre titre plus accrocheur signe : « Le Professeur Grégoire LEFOUOBA prend ses distances avec Denis SASSOU N’GUESSO. » Pour vendre certainement...Mais à la lecture, si on ne se rend pas compte de ladite distance. Le mot-clé ou un titre dans un journal Dans un journal, un mot-clé, une fois indexé, permet d'identifier, de sélectionner un article dans un fichier. Or dans le cas du journal La Griffe, ce mot n'existe nullement. Il m'est revenu que plus professionnel, le site "Zenga Mambu" mieux inspiré, s'est contenté d'un mot contenu ou groupe de mots contenus dans le texte. Pour ma part, j'ai des moyens d'exposer sur une question d'intérêt national mon avis et je n'ai pas besoin du sensationnel. Même s'il avait été écrit le contraire, je réagirais de la même manière. Les mots pour vendre Cette forme d'abjection se nomme « manipulation ». Moi, je n'ai pas besoin d'ordalie pour que les gens sachent ce que je pense ou je fais. Je suis entier avec moi-même et je suis ainsi heureux. Oui, la presse ce n'est pas un enfant de cœur car répertorié au registre du commerce, comme tout vendeur, elle a besoin des mots accrocheurs. Mais quand il s'agit des propos d'une personnalité, on peut utilement faire l'économie de cette invention gratuite avec des mots enflammés et porteurs d'une charge émotionnelle à dimension négative. Il est possible que ma parole occupe un champ magnétique que j'ignore par excès de modestie. Je peux en convenir. Mais, quand on veut m'extorquer des aveux profitant de ma modeste notoriété, là je me sens attaqué et j'ai le sentiment d'être physiquement et mentalement attaqué. Quelle distance prendre si la personne révélatrice de la sensation ne parle point de la proximité au départ. Un désaccord procède d'abord d'un accord et ensuite on signale le malentendu. Pour vendre les journaux, il ne faut pas vendre les hommes car les hommes ne sont pas de la marchandise.
Pr. Grégoire Lefouoba Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |