Trêve

Voyons si la classe politique congolaise sera assez sage pour laisser les Jeux africains, dont les premières compétitions débuteront dans un peu plus d’une semaine, se dérouler à Brazzaville dans la paix et la sérénité. Voyons si elle aura assez le sens du devoir civique pour ne pas perturber une compétition à laquelle participeront des milliers d’athlètes venus de tout le continent et qui consacrera la renaissance de notre nation.

La question concerne au premier chef, bien sûr, l’opposition radicale qui peut être tentée de se faire entendre dans la rue et sur les ondes pour effacer ses divisions. Mais elle vaut aussi pour la majorité qui, de son côté, peut essayer de profiter de ce moment d’exception pour affirmer sa présence, montrer sa force, clamer ses convictions, bref museler ses contradicteurs.

L’enjeu de ces onzièmes Jeux africains est considérable pour chacun de nous comme en témoigne l’ampleur des investissements consentis par le Congo ces dernières années. Il suffit de parcourir les avenues de Brazzaville pour comprendre que c’est à une véritable mutation de notre capitale que nous assistons. Au-delà des grands travaux d’infrastructure dont le stade omnisport de Kintélé est le symbole il n’est pas, en effet, un quartier de la grande cité qui ne soit touché directement ou indirectement par cette évolution.

Mettons donc de côté pour un temps les divisions plus ou moins artificielles qui nous séparent. Cessons de ruminer les frustrations générées par le débat public sur l’avenir des institutions de la République. Consacrons toute notre énergie à la réussite d’une compétition qui sera l’un des temps forts de notre Histoire. Il sera toujours temps de reprendre le combat politique lorsque la page du cinquantenaire des Jeux africains aura été tournée.

Ce dont le Congo a besoin aujourd’hui, c’est de vivre pleinement, sereinement les joutes sportives qui vont débuter. Que ceux qui seraient tentés de l’oublier réfléchissent bien avant de se lancer dans de folles provocations. Demain il sera trop tard.