Coup de semonce

Ce qui s’est passé en début de semaine dans le champ très instable de la finance internationale était prévisible de longue date et n’a donc surpris que ceux qui voulaient bien l’être. Comment, en effet, une envolée des cours de bourse semblable à celle qui marqua, ces dernières années, l’affirmation de la Chine comme la deuxième, sinon même la première puissance économique de la planète, pouvait-elle se poursuivre indéfiniment ? Tôt ou tard, comme le veulent les lois du système capitaliste dans lequel nous vivons, la raison finit par l’emporter sur l’appât du gain et la course en avant des « boursicoteurs » se transforme inéluctablement en marche arrière.

Il est probable que les marchés financiers, après s’être enflammés,  se calmeront dans les heures et les jours à venir. Car, n’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure, tout indique que l’économie chinoise poursuivra sa marche en avant tant sont grands les besoins du pays et puissantes les aspirations au bien-être de sa population. Avec un taux de croissance qui oscille autour de 5 - 6% par an, l’Empire du milieu est plus que jamais l’un des moteurs de l’économie mondiale. Si donc ses dirigeants font preuve de sagesse et mettent de l’ordre dans un système boursier par définition anarchique, il poursuivra sa marche en avant.

Ceci étant dit, le désordre qui a gagné le monde de la finance pendant quelques heures sonne comme un coup de semonce pour toutes les nations du monde. Il prouve que le pire peut se produire à tout instant dès lors que la quête du profit individuel l’emporte sur la recherche du progrès collectif. Plongeant les bourses de tous les grands pays dans un chaos que nul ne peut gérer, la peur irraisonnée qui s’empare soudain des banques, des entreprises financières, des individus peut provoquer à l’échelle de la planète des secousses que personne ne saura combattre. Nous en avons eu la preuve en 1929 lorsque la crise économique qui frappait les nations occidentales généra la montée du nazisme en Allemagne et  provoqua une guerre mondiale dix années plus tard.

Si les hommes sont sages, ils tireront des heures de folie que nous venons de vivre les leçons qu’elles comportent et s’emploieront à réguler la jungle dans laquelle évolue la finance mondiale. Mais le sont-ils et le seront-ils jamais ?