Opinion
- Éditorial - Les Dépêches de Brazzaville
- Réflexion - Jean-Paul Pigasse
- Le fait du jour - Gankama N'Siah
- Humeur - Faustin Akono
- Chronique - Boris Kharl Ebaka
- Brin d’histoire - Mfumu
- Tribune libre - Sergueï Lavrov
- Idées-forces - Les Dépêches de Brazzaville
- Analyse - Xinhua
BarbarieSamedi 5 Septembre 2015 - 15:15 Il aura fallu que les médias du monde entier diffusent la terrible photo d’un petit garçon syrien mort sur une plage turque pour que les gouvernements de l’ Europe concentrent enfin leur énergie sur la question de l’afflux des migrants vers ses côtes et décident de conjuguer leurs forces afin d’apporter une réponse humanitaire au terrible problème qu’elle soulève. Cela alors même qu’il était évident depuis longtemps que la déstabilisation du Proche Orient et du nord de l’Afrique provoquerait un mouvement de masse auquel rien ni personne ne pourrait s’opposer. Disons le une fois de plus avec force sans craindre d’être démenti par les faits : quelles que soient les dispositions que prendront les dirigeants européens, allemands et français en tête, rien ne mettra fin à la migration vers le Nord des peuples pauvres ravagés par des guerres intestines. Ni la persuasion des organisations humanitaires, ni la violence plus ou moins dissimulée des forces de l’ordre, ni les « murs de la honte » qui s’élèvent ici et là n’empêcheront des familles qui n’ont plus rien à perdre de tenter d’atteindre l’Europe. Vieille comme l’humanité la fuite vers un eldorado supposé relève de l’instinct; elle ne peut donc être combattue par la seule raison. Ceci est d’autant plus vrai que, dans le cas présent, c’est bien l’Europe qui, par son inconscience, par sa vanité, par son incapacité à prévoir les conséquences de ses actes a provoqué les mouvements de masse auxquels nous assistons aujourd’hui. Intervenant de façon anarchique en Irak, en Afghanistan, en Libye et autres lieux sans jamais écouter les conseils qui lui étaient donnés par les dirigeants du Sud, elle a scié la branche sur laquelle elle était confortablement assise. Qu’elle le veuille ou pas elle va devoir accueillir, nourrir, héberger, protéger les millions, les dizaines de millions d’êtres humains qu’elle a directement ou indirectement jetés sur les routes de l’exil. Il ne reste plus à ses dirigeants qu’à prendre la juste mesure du défi auquel il leur faut désormais faire face. Mais combien de petits cadavres faudra-t-il encore que les journalistes photographient sur les plages européennes pour que ces mêmes dirigeants se décident à accompagner sérieusement les pays du Sud sur la voie du développement et de la paix intérieure ?
Les Dépêches de Brazzaville Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |