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Deux courants bigarrés, presque démocratiquesDimanche 27 Septembre 2015 - 18:46 Les têtes tombent à un rythme soutenu à l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads). Les têtes des responsables qui, aux yeux de la direction politique de ce parti, enfreignent aux textes qui le régissent. Ce qui est exceptionnel, c’est évidemment la rapidité avec laquelle l’instance dirigeante de la principale formation politique de l’opposition congolaise actionne les mécanismes de mise à l’écart de ces derniers. Avait-on, peut-être, de ce côté-ci, en tête l’idée que très bientôt, les choses s’accéléreraient dans le sens de la convocation d’un référendum portant sur le « Oui », ou le « Non », à l’évolution des institutions ? Chacun doit assurer ses arrières, peut-on dire. Même attitude au Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCCDI) avec, en filigrane, pour ces deux partis une crise de leadership en vue, puisque certaines des personnalités sanctionnées tiennent à montrer aux instances qui manient le glaive qu’elles ne sont pas dignes de leur fermer les portes du parti et ne comptent pour rien au monde s'en aller. Par-delà cette vague punitive, il saute aux yeux, enfin de compte, une certaine évolution positive dans ce cheminement. Parce qu’à la vérité, la plupart des mouvements qui peuplent le paysage national du secteur ne sont pas sortis de la mécanique régionaliste, départementaliste. Il n’est pas question ici de lister les éminences qui composent les bureaux politiques, bureaux exécutifs nationaux ou autres conseils centraux de ces partis. Mais une lecture avisée de leur nomenclature montre que la plupart se sont rarement éloigné de la périphérie du lieu de naissance de leurs fondateurs. Ils sont de ce point de vue tristement sélectifs. À l’évidence, dans le débat engagé depuis plusieurs mois sur l’évolution des institutions, objet de tensions, et de dissensions dans ces formations politiques, les lignes de démarcation se façonnent plus ou moins sur des bases, ne disons pas idéologiques, mais tout de même logiques. Ceux, en effet, qui sont en faveur de cette évolution constituent un premier courant républicain ; leurs adversaires opposés à une telle issue tiennent de leur côté le second courant républicain. Et on voit bien, en ce moment-là, que les appartenances politiques « régionalisant » se lézardent partout en faveur de l’un ou l’autre courant. Cette physionomie est en tout état de cause quelque chose de plus démocratisant que ce qui nous a été proposé depuis des décennies. Expliquons-nous : les fondateurs de l’Initiative pour la paix au Congo (IDC), par exemple, sont essentiellement des hommes sortis du bois de la majorité présidentielle. Ils se sont rapprochés des leaders du Front pour la restauration de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad), dont certains avaient aussi, en leur temps, participé à cette même majorité. Deuxième chose : nombre de cadres sanctionnés par l’Upads, par exemple, observaient jusqu’à un moment récent une relative entière fidélité à leur parti, avant que le débat institutionnel en cours n’en vienne à leur faire changer d’idées. En acceptant de participer au dialogue de Sibiti, et pour certains, d’en approuver les conclusions après-coup, les uns et les autres ont évoulé dans le sens de la position défendue par la majorité présidentielle. À moins de fermer les yeux sciemment sur ce qui se passe, il est temps de considérer, pour l’intérêt de tous, qu’une controverse réelle divise la classe politique, et qu’il convient, pour y mettre un terme, de faire intervenir d’autres acteurs dans ce débat. Le plus légitime de ceux-ci pourrait-être, chacun en convient, le souverain primaire, le Peuple, du fait qu’il est le seul détenteur de la souveraineté. À moins de considérer aussi, que disposant d’arguments politiques ou juridiques à faire valoir à tout prix, les débateurs des deux camps se plaisent à tenir le pays en haleine le plus longtemps possible encore, avant de chercher à s’adresser la parole autrement, lorsque ces arguments se seront épuisés. Ce qui serait un grand saut dans l’inconnu pour ce même peuple, chéri par tous, et qui a besoin, à l’heure actuelle, de dirigeants en mesure de lui assurer une tranquillité de tous les instants. De quelques bords qu’ils appartiennent, les politiques congolais ont intérêt à ne pas se décrédibiliser davantage en se perdant dans des querelles qui ne profitent pas à la population et au pays. Parce qu’ils savent, en leur âme et conscience, qu’ils doivent assumer communément leur volonté de réussir, mais aussi, parfois, leur absence de prévision. Le moment présent est celui où chacun doit pouvoir mettre un peu d’eau dans son vin pour comprendre que seule la pondération, seuls le dialogue et la compréhension mutuels pourront aider à passer le prochain obstacle, puisqu’obstacle il y a, de façon à ce que nous célébrions avec responsabilité notre génie collectif rédempteur. Il ne s'agit pas ici de vaines prédictions. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |