Opinion
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Croire en nous-mêmesLundi 26 Octobre 2015 - 9:21 Choisir de se battre, jusqu’à ce que le plus fort gagne et impose sa loi ; ou choisir de dialoguer, jusqu’à épuiser le maximum de points de discorde, de sorte que naisse un rapport de confiance entre les parties et s’établisse une tranquillité civile profitable à tous : des deux options, la première a souvent été la plus utilisée. Elle rappelle, à travers ce dicton populaire de « la vie est un combat » l’instinct primaire de l’espèce humaine mue par la volonté de domination des plus faibles par les plus forts. La seconde option est la plus difficile à mettre en œuvre. Elle place l’homme, être complexe par nature, face aux valeurs de partage qu'il n'adopte généralement qu’à son corps défendant et qui ont pour nom : écouter, s’humilier, pardonner. Parce que ces valeurs bousculent les vanités ancrées en l’homme. La situation politique actuelle du Congo est-elle en passe de l’enfermer dans le dilemme rappelé ci-dessus ? Les Congolais doivent-ils prendre les armes pour s’entretuer ou, au contraire, se parler pour se comprendre ? De tous les discours entendus en rapport avec le référendum constitutionnel convoqué hier, 25 octobre, ceux qui militent en faveur de la préservation de la paix et de la tranquillité sont plus nombreux, disons plus poignants : la Communauté internationale, les acteurs politiques nationaux, les pouvoirs publics, la société civile ont attiré l’attention de tous sur la nécessité d’éviter l’escalade. Il est certain que ceux qui appelaient à l’insurrection se rendent compte aujourd’hui de la faute politique grave qu’ils venaient de commettre. S’ils ne s’en excusent pas publiquement, c’est, on peut dire, à leur habitude. Dans leur hargne de se hisser au plus haut sommet de l’État, se disent-ils peut-être que leurs compatriotes comptent peu et que ce qui leur arrive de fâcheux ne compte pas. Sinon, en même temps qu’ils battaient le rappel de leurs partisans pour marcher sur le palais et en chasser le locataire, en même temps ils auraient pu demander pardon à ceux de leurs compatriotes éprouvés par la mise à sac et l’incendie de leurs maisons d’habitation ou de commerce. Au lieu de cela, on a entendu certains se gargariser de la « mobilisation réussie » de leurs fidèles. Si seulement ils pouvaient noter que de militants indéfectibles, certains de leurs adeptes dont on doute qu’ils les contrôlaient réellement, ont vite fait de changer de statut pour devenir un gros souci pour la population civile. Le fait est qu’au Congo, chaque jour que Dieu fait voit naître un ou deux partis politiques. Ceux qui les créent se réclament diversement de l’opposition, de la majorité ou du centre. Mais chaque jour que Dieu fait, aucun de ces partis, à l’exception de nombreux d’entre eux, ne bâtit aucune stratégie cohérente d’éducation de ses adhérents. Encore que d’adhérents, il s’agit de gens qui finissent tous par prendre la carte de toutes les formations politiques en vue et deviennent remuants quand approchent les échéances électorales. On parle d’élection, ces militants ne se préoccupent pas de se faire recenser, ne peuvent donc logiquement accomplir leur devoir civique le jour du vote, mais sont en première ligne pour en contester les résultats. Les responsables des partis et associations empruntent le même chemin puisqu’ils se contentent du décompte des personnes venues les assister dérouler un discours enflammé en période électorale. Après avoir distribué une collation, ils estiment que cela suffit pour décrocher les faveurs des urnes. Ils déchantent souvent. Devant l’échec patent de la classe politique congolaise dans la mise en route d’un cadre de concertation susceptible de préserver le pays du trop-plein d’égo de ses opérateurs, il devient impérieux que la loi prenne la place qui lui revient. Qu’elle définisse le cadre normatif de création et de fonctionnement des partis politiques, qu’elle donne la chance à ceux qui remplissent le cahier des charges de parler au nom des populations. En effet, à bien y regarder, de nombreuses formations politiques ne disposent pas d’un siège, n’ont jamais tenu un congrès constitutif, ne déposent parfois pas leurs statuts et leur règlement intérieur auprès des administrations compétentes. Ils cafouillent à ciel ouvert. C’est en partie du fait de ces manquements flagrants que le moindre débat politique dans notre pays tourne à l’émeute. Si les Congolais dialoguent, partagent davantage et laissent s’appliquer la loi, ils pourront ensemble défricher le chemin d’un apaisement durable. Pour cela, il leur faut croire en eux-mêmes, en leur pays et se faire confiance. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |