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Le Congo aux portes de la parité homme-femme

Samedi 14 Novembre 2015 - 14:15

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L’une des innovations de la Constitution du 6 novembre est la notion de parité entre l’homme et la femme. Elle est mentionnée à l’article 17 du texte fondamental ainsi qu’il suit : «  La femme a les mêmes droits que l’homme », et complétée dans l’alinéa suivant en ces termes : «  La loi garantit la parité et assure la promotion ainsi que la représentativité de la femme à toutes les fonctions politiques, électives et administratives ».

Il est vrai que les partisans du projet sur l’évolution des institutions le défendaient mordicus en avançant entre autres arguments le fait que les femmes notamment n’étaient pas, à leurs yeux, logées à bonne enseigne dans les institutions publiques. La nouvelle Constitution a donc consacré cette parité sur papier. Il restera à en concrétiser l’application, à en dresser ensuite le bilan car les choses pourraient s’avérer un peu plus complexes que cela. Pour plusieurs raisons si l’on s’en tient à ce que l’on voit sur le terrain.

Prenons le cas des fonctions électives : les formations politiques au Congo sont pour la plupart l’apanage des hommes, qui en sont les fondateurs. Dans la composition de leurs instances, il n’a presque jamais été question de parité homme-femme. Ce n’est certainement pas par phallocratie, mais peut-être parce que l’engagement de la gente féminine en politique, bien qu’ancienne chez nous, n’a pas drainé des foules jusque-là. À l’évidence, le pourcentage des femmes candidates aux fonctions électives reste fort dérisoire, ainsi que le révèlent les résultats de certains scrutins organisés dans le pays.

Sur les 139 députés issus des élections de juillet 2012, par exemple, seulement une douzaine de sièges sont occupés par les femmes. Le mal est sans doute fait depuis la constitution des listes de candidatures. En général, sur dix candidats, les partis les plus en vue alignent souvent une femme ou deux, parfois aucune. Là-dessus aussi, ce n’est pas tant parce que les femmes seraient continuellement marginalisées, c’est qu’elles sont en nombre insuffisant dans les effectifs mêmes de certaines organisations politiques. La bataille consistera donc, à ce niveau, à encourager l’adhésion des femmes aux formations politiques, sociales et culturelles, la loi devant à son tour réglementer le fonctionnement de ces entités au regard des évolutions actuelles.

S’agissant des fonctions politiques et administratives, les mêmes problèmes de parité homme-femme se poseront assurément. Vingt hommes contre vingt femmes dans un gouvernement qui comptera quarante ministres, l’avenir nous dira comment cela sera réalisable. En sera-t-il peut-être de même donc pour les préfectures et les sous-préfectures, les conseils municipaux et départementaux. Au fait, la question semble avoir été réglée en amont par le législateur, qui a visiblement mis un bémol à l’obligeance paritaire. «  La loi garantit la parité et assure la promotion ainsi que la représentativité de la femme à toutes les fonctions politiques, électives et administratives » concède l’alinéa 2 de l’article 17 visé. Il s’agira pour les instances concernées d’œuvrer à la mise en œuvre d’une clause constitutionnelle qui a le temps de faire son petit bonhomme de chemin.

Souvent, le terrain réfléchit mieux les choses que la feuille de route. La façon dont les femmes seront prises en compte dans les futures institutions publiques, dans les sphères des organisations politiques et de la société civile, la façon dont elles se battront elles-mêmes pour s’assumer commandera l’appréciation que l’on se fera de l’entrée en vigueur de la parité homme-femme au Congo. Parions que la mécanique sera lourde à déployer.

Gankama N'Siah

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