S’achemine-t-on vers un plébiscite pour DSN ?

Avant même qu’il n'annonce sa candidature Denis Sassou N’Guesso, postulant probable de la majorité à la présidentielle du 20 mars, voit déferler vers lui des soutiens de plusieurs associations politiques et de la société civile. Des quatre coins du Congo ces dernières l’invitent à se présenter et, cerise sur le gâteau, elles bonifient leurs appels de collectes de fonds dont les montants, une fois rassemblés, pourraient de loin dépasser la caution de 25 millions FCFA exigée à chaque candidat.

S’il se prononce favorablement, DSN pourrait mobiliser au-delà des formations politiques qui lui sont acquises dans le cadre de sa majorité. On s’attend visiblement à ce qu’à l’ouverture de la campagne électorale, début mars, les places publiques des grandes villes du Congo témoignent de l’ampleur de ce soutien, à travers affiches, pancartes et calicots déployés en l’honneur du candidat le plus en vue. Ceci dit, la vraie bataille que les partisans de DSN devront gagner sera celle de transformer le scrutin présidentiel du 20 mars en un plébiscite. La frénésie avec laquelle les forces qui lui demandent de se présenter s’expriment autorise de penser à un tel aboutissement, mais ce préjugé favorable ne se raffermira qu’à l’appui d’une parfaite organisation de l’équipe de campagne du candidat.

En effet, inonder les journaux, les chaînes de télévision et de radio de messages de soutien au candidat que l’on dit porter dans son cœur n’a rien de délictueux. Mais, dans le contexte actuel, il est difficile de parler du caractère uniquement spontané des appels du pied lancés au président Denis Sassou N’Guesso. Il est vraisemblable qu’il s’agit entre autres, de positions émanant d’entités structurées, qu’importe si certaines sont nées dans le moment présent où les enjeux du passage de l’ancienne à la nouvelle République sont importants. Par-delà les discours, la question que l’on est en droit de se poser est de savoir si toutes ces associations qui s’activent dans les quartiers ont pris soin d’instruire leurs militants sur la nécessité de prendre part aux opérations de révision des listes électorales programmées du 15 janvier au 15 février prochain.

De la même manière que les initiateurs des collectes de fonds se mobilisent dans les quartiers de Brazzaville et à l’intérieur du pays en faveur de Denis Sassou N’Guesso, on aimerait voir leurs partisans prendre d’assaut les bureaux de vote le jour-J pour matérialiser leur volonté de consolider la démocratie au Congo. On aimerait aussi que les autres candidats s’investissent à leur tour pour montrer qu’ils ont fait le choix de l’accession au pouvoir par le seul biais des urnes. Car très souvent, au nom de leur appartenance à tel ou tel mouvement soutenant tel ou tel candidat, les organisations qui naissent dans le sillage des campagnes électorales limitent leur action à la seule présence dans les meetings et les carnavals électoraux. Le jour du scrutin, les chemins menant aux bureaux de vote sont tristement déserts que l’on se demande si les Congolais ne veulent pas d’une chose et de son contraire.

Ceci pour rappeler que les soutiens à la candidature de DSN qui se multiplient ne s’accompagnent pas toujours de la mobilisation des potentiels électeurs pour qu’ils vérifient s’ils sont inscrits sur les listes électorales et pourront, le moment venu, remplir leur devoir civique. En période électorale, le travail des partis et associations est aussi d’amener les femmes et les hommes en âge de voter à exprimer leur préférence pour le candidat de leur choix.

Il est vrai que cette fois, comme lors de la présidentielle de 2009, des ralliements à la candidature de Denis Sassou N’Guesso lui créditent de bonnes intentions. Rien n’est joué, rien n’est gagné pour l’instant, mais cela risque d’être court pour ses concurrents si la dynamique observée sur le terrain aujourd’hui en faveur du président sortant se transforme en un grand engouement pour les urnes, le 20 mars prochain.