Opinion

  • Le fait du jour

Bernard Kolelas en 1992

Lundi 28 Mars 2016 - 13:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Au terme du processus laborieux mais passionnant qui aboutit, en 1991, à la faveur de la Conférence nationale souveraine, à la restauration du multipartisme au Congo, Bernard Kolelas structura son combat politique autour de son parti, le MCDDI (Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral) fondé quelques mois auparavant.

Passé le temps des joutes oratoires de la grand-messe, durant laquelle les acteurs en présence se signalèrent comme des tribuns plus que comme des leaders capables de proposer une alternative nouvelle à leur pays, les premiers rendez-vous électoraux permirent néanmoins d'évaluer le poids des uns et des autres. Avec son MCDDI, Bernard Kolelas gagna de nombreux sièges aux élections locales dans son Pool natal et au sud de Brazzaville. Il se rendit compte aussitôt que la meute bruyante de petits partis adossés au sien, constituée par les Forces de changement et de progrès (FCP) ne valait pas grand-chose que le bruit de rue qu’elle rependait à l’occasion des rassemblements populaires très animés. Il s'en sépara en silence, condamnant les FCP à une disparition programmée.

Près de vingt-cinq ans après le tournant de la Conférence nationale souveraine, le MCDDI est traversé par de fortes dissensions, l'héritage de son fondateur se joue désormais entre ses fils biologiques et spirituels. Mais ceux qui le revendiquent sont aujourd'hui à la croisée des chemins, pourrait-on dire. Soit, ils se placent dans la posture du refus de tout compromis, qui fut celle de Bernard Kolelas avant qu'il ne se confronte à la réalité du terrain en tant que dirigeant, soit ils adhèrent à l'autre démarche du leader charismatique du MCDDI qui le révéla comme quelqu'un capable de composer avec les autres. Dans les deux cas, ce qui importe est de savoir où se trouve l’intérêt général.

Les suites de l'élection présidentielle du 20 mars placent l'un des héritiers du fondateur du MCDDI devant ce dilemme. Nous faisons allusion, chacun l’aura deviné, à Guy Brice Parfait Kolelas, qui s'y était présenté en qualité d'indépendant sous le label de son association, la CODEHA (Convention des démocrates et humanistes africains). Les résultats de la Commission électorale rendus publics par le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation montrent qu'il a glané suffisamment de voix dans le Pool et au sud de Brazzaville. Comme le fit naguère la formation politique de son cher papa.

Au regard de cette donne qui le classe deuxième sur la liste des neuf concurrents, Guy-Brice Parfait Kolelas a-t-il l'intention de saisir cette opportunité pour se frayer le chemin de leader avec vue sur l'ensemble du pays ou se contentera-t-il de croire ceux qui lui soufflent à l'oreille que la stature politique noble qu'il vient d'acquérir par les urnes ne suffit pas, qu'il lui faut à tout prix chercher à en tailler une autre par la force? Où situe-t-il les limites de sa campagne électorale menée essentiellement dans la partie méridionale du pays et que pense-t-il de l’adhésion de ses compatriotes à son « Plan Parfait de développement du Congo », dont l’une des clauses phares renvoie à la création de quatre provinces en lieu et place des douze départements existants ?  

En son temps, Bernard Kolelas lui-même finit par réaliser combien la route pour réaliser ses ambitions politiques peut être longue. Croire son destin est une chose, savoir en apprécier les tempérances peut être plus bénéfique et faire un bon dirigeant politique.

 

 

 

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Le fait du jour : les derniers articles
▶ 31/8/2025 | L'insaisissable Trump
▶ 9/8/2025 | Sanctionmania
▶ 1/9/2025 | Semaine culturelle
▶ 19/8/2025 | Pôles politiques
▶ 12/8/2025 | Sommet à six
▶ 4/8/2025 | Plus il dure
▶ 29/7/2025 | Une amitié de 65 ans