Opinion
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RéparationMardi 10 Mai 2016 - 17:02 Le fait, honorable bien sûr, que des pays comme la France reconnaissent publiquement les crimes innommables commis pendant quatre siècles par la traite négrière, puis par la colonisation les exonère-t-il du devoir de réparation ? Evidemment non, car ce ne sont pas les cérémonies comme celles que le président français François Hollande a présidées hier dans les jardins du Luxembourg, à Paris, qui permettront de guérir les blessures infligées aux peuples africains durant cette très longue et très tragique Histoire. Disions-le clairement même si cela doit susciter de virulentes critiques dans les milieux les plus conservateurs du camp occidental, le temps est venu pour les puissances qui mirent l'Afrique en coupe réglée de reconnaître publiquement qu'elles sont à l'origine directe des problèmes que doivent aujourd’hui résoudre les peuples réduits par elles en esclavage. Admettre, par conséquent, qu’elles doivent se mobiliser afin de les accompagner enfin sérieusement dans leur longue marche vers le développement. Au lieu de se présenter comme des modèles de liberté et de bonne gouvernance, ce qu’ils ne sont évidemment pas, les Européens comme les Américains doivent maintenant contribuer de façon pratique à l'émergence du continent qu'ils pillèrent pour assurer leur propre développement. Vue de ce Sud où vivra à très brève échéance le quart de l'humanité, le Nord est de plus en plus perçu comme un groupe de nations jadis criminelles qui entendent toujours imposer leur loi d'airain aux peuples qui ont su s’affranchir de leur tutelle. Loin d'apparaître comme un modèle il devient au fil des ans, sinon un ennemi, du moins un repoussoir et c'est ce qui explique pour une large part l'accueil que les Africains réservent aujourd'hui à des pays comme la Chine ou l'Inde qui, eux, n’ont pris aucune part aux exactions des siècles antérieurs. Dans le même temps, donc, où les anciennes puissances coloniales clament leurs remords leurs dirigeants seraient sages, prudents même, d'une part de ne plus se poser en modèles et d'autre part de rendre aux Africains une partie de ce qu'elles leur ont volé plus de quatre cents ans durant. Alors et alors seulement elles auraient une chance d'y rester présentes par l'intermédiaire de leurs cadres, de leurs entreprises, de leurs diplomates.
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