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Gabon: héritiers et ex-barons du PDG

Samedi 3 Septembre 2016 - 15:00

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La politique divise, les élections en sont souvent le baromètre, surtout lorsque les acteurs se connaissent bien ou même un tout petit peu bien. Le Gabon ne fait pas exception si l’on considère la nature des tensions en cours dans ce pays depuis la proclamation du résultat de la présidentielle du 27 août, officiellement remportée par le président sortant, Ali Bongo Ondimba. On ne peut pas dire que lui et Jean Ping, deuxième au compteur, ne se connaissent pas. Non, ils ont longtemps été ministres des gouvernements successifs de leur pays. Le bras de fer qu’ils ont engagé peut puiser dans les méandres de cette « histoire » commune et se révéler lourd de conséquences pour le Gabon s’il n’est pas tempéré. 

Comme de nombreux observateurs le soulignaient dès le départ, l’adversité observée durant la campagne électorale, et d’ailleurs avant, entre la dizaine de candidats parmi lesquels d’anciens barons du Parti démocratique gabonais (PDG) et, à quelque chose près, des « produits » de feu le président Omar Bongo Ondimba, présageait d’un climat délétère à la fin du processus. Ce que n’ont pas démenti les faits : dans la capitale Libreville, comme à Port-Gentil, deuxième métropole du Gabon, du feu a ravagé des édifices publics, les commerces ont été pillés, des QG de campagne attaqués, des interpellations de manifestants ont eu lieu.

À présent que le camp du chef de l’Etat semble engagé à inaugurer son nouveau septennat sans perdre du temps, celui de l’opposition avertit de son côté qu’il ne se laissera pas faire. On assiste, dans une certaine mesure, au remake de 2009, lorsqu’Ali Bongo Ondimba fut confronté à André Mba Obame, classé troisième, mais lui contestait la victoire à la présidentielle de cette année-là. Au plus fort de la querelle, le dernier ministre de l’Intérieur d’Omar Bongo prêta serment comme chef de l’Etat, en 2011. Ce fut pour la forme, peut-être, mais la tension ne retomba, relativement, qu’après la disparition du président de l’Union nationale, en 2015, à Yaoundé, au Cameroun, des suites de maladie.

À quoi peuvent s’attendre les Gabonais aujourd’hui ? Par devoir citoyen, ils s’étaient rendus nombreux aux urnes, le 27 août, dans la tranquillité, jamais pour choisir la guerre et la violence. Ils sont sans doute encore plus nombreux à préférer la quiétude au catalogue des morts et des blessés que l’on délivre depuis quelques jours. Le Gabon, comme les autres pays en transition démocratique de la sous-région d’Afrique centrale, et au-delà, n’est pas épargné par les tensions qui embrasent le champ politique au moment des rendez-vous électoraux. Et comme certains de ces pays, il peine à départager des hommes et des femmes qui ne viennent pas de si loin quand on scrute leur parcours politique.

Depuis 2009, les vétérans ou ex-vétérans de l’ex-parti unique (le PDG) ont réussi le tour de force de maintenir à la périphérie les opposants de la première heure au président Bongo. Ali Bongo Ondimba et ses deux principaux adversaires, Mba Obame, en 2009, et Jean Ping, en 2016, ont éclipsé un certain Pierre Mamboundou, décédé en 2011, après une énième tentative infructueuse de se hisser à la tête du Gabon par la voie des urnes en 2009. Ou encore Paul Mba Abessole, candidat malheureux cette année. À la différence des autres opposants « natifs » du PDG, ces derniers n’ont jamais pris la carte de ce parti.

Sans faire du PDG et de son passé la source des querelles pré ou postélectorales au Gabon, formulons cette ultime suggestion à valeur de conclusion provisoire : les apparatchiks du parti démocratique gabonais dominants à la majorité et à l’opposition auront-ils au cours des sept prochaines années l’occasion de se parler et de parler de leur pays ensemble ?     

Gankama N'Siah

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