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L'"effort de guerre" de la Corée du Nord

Samedi 1 Octobre 2016 - 12:30

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La tribune des Nations unies, à New York, est l’unique lieu d’expression démocratique au monde. D’où la réputation parlementariste de cette grande ambassade universelle implantée au cœur des Etats-Unis d’Amérique, un pays dont on connait la nature complexe des relations avec certaines nations. Voilà pourquoi l’on peut y entendre tonner, haute et intelligible, la voix d’un Etat comme la Corée du Nord, pourtant classée dans « l’Axe du Mal » de Washington depuis 2002.

Comme si ce pays qui ploie sous le poids des sanctions occidentales se souciait peu de son sort, le discours du ministre nord-coréen des Affaires étrangères, le 23 septembre, à l’Assemblée générale de l’ONU, était tout sauf indirect. En tout état de cause, Ri Yong-ho planchait presque essentiellement sur la question nucléaire, objet de toutes les appréhensions entre Pyongyang et plusieurs capitales du monde. En voici un court extrait plutôt frappant : Mon pays va « continuer de prendre des mesures pour renforcer ses forces armées nucléaires nationales en quantité et en qualité ».

Quand on analyse la suite du discours de Ri Yong-ho, on s’aperçoit que l’on est, malgré tout, en présence d’un pays dont le voisinage fait peur, qui le mesure à sa juste valeur et, peut-être, en rajoute parfois. Voici un autre extrait, tout à fait significatif de l’allocution du ministre nord-coréen des Affaires étrangères à l’ONU : « Notre décision de renforcer notre armement nucléaire est une mesure justifiée d'auto-défense pour nous protéger des menaces nucléaires constantes des Etats-Unis ». Pour cela, insistait-il encore, « Devenir une puissance nucléaire est la politique de notre Etat ».

Le bellicisme dont l’accuse la Communauté internationale est renforcé par la poursuite des essais nucléaires par Pyongyang. Et son haut-diplomate de répliquer, en disant que ces essais « peuvent ne pas être bien compris par des pays européens », visiblement « moins sensibles » à la nécessité de se protéger depuis la fin de la Guerre froide. En un mot, et en plusieurs autres, la Corée du Nord redoute ses voisins et leur puissant allié, les Etats-Unis étant, de toute évidence, montrés du doigt par les dirigeants nord-coréens. En 2009, par exemple, la présence militaire américaine sur le territoire de son allié sud-coréen était de 28 500 soldats. De quoi tenir autrui sur le qui-vive.

En 2007, les Etats-Unis et la Corée du Nord tentaient de normaliser leurs relations à la suite d’un accord signé à Pékin, la capitale chinoise, sur la fermeture de la centrale nucléaire de Yongbyon. Des questions de fond ont certainement fait échouer cette démarche. Prié de renoncer à ses ambitions nucléaires, Pyongyang demandait à Washington une aide d’un milliard de dollars. Il ne l’a pas obtenue. Ceci expliquant sans doute cela, le contentieux est réparti à zéro. Depuis, le pays est sur la sellette, il a multiplié des essais nucléaires rendant « fous » ses voisins.  Il regarde d’un mauvais œil les relations suivies que son voisin ennemi du Sud entretient avec les Etats-Unis, se méfie du Japon, puissante occupante de la Corée de 1905 à 1945, à qui le Nord exige des réparations.

Avec son seul grand allié dans la région, la Chine en l’occurrence, la Corée du Nord n’est pas sans lui poser quelques soucis. Pékin est, en effet, comme l’Occident, opposé aux appétits nucléaires de Pyongyang. Il milite en faveur d’un programme civil pour son partenaire et tente d’engager avec lui et la Communauté internationale, des pourparlers destinés à le tirer d’affaire. Un chemin laborieux !

Au fond, la peur de voir ce pays se doter de l’arme nucléaire, la peur pour lui-même de devoir affronter une guerre avec plus puissant que lui, restent le nœud gordien des relations internationales dans cette région convoitée. La surenchère ne s’arrêtera pas tant que les Coréens n’imiteront pas les Allemands en accomplissant la réunification de leur pays, tant que Séoul et Pyongyang ne redeviendront pas une même Nation. Le jour où cette étape sera franchie, ils verront tomber tous les tabous, peut-être aussi, toutes les mystifications qui sont le lieu commun des stratégies d’influence qu’ont en partage les « Grands » de ce monde.

Gankama N'Siah

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