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La France des idées

Samedi 25 Mars 2017 - 13:08

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Pour savoir que l’élection présidentielle, partout dans le monde, est toujours un moment exceptionnel d’exposition des projets de société des différents candidats, il faut s’y intéresser un tout petit peu. Dans le cas précis de la France, qui attend de choisir le successeur de François Hollande dans quelques semaines, un tour d’horizon de ces projets, ou des idées principales qui les sous-tendent, donne à voir combien les hommes et les femmes qui ambitionnent de loger au Palais de l’Elysée, les cinq prochaines années, ne sont pas à court de formules.

On était dans un système électoral où les dispositions pour être admis à briguer la magistrature suprême n’étaient pas fort contraignantes, le premier tour de la présidentielle française, le 23 avril prochain, aurait peut-être mobilisé au total vingt-six candidats. Mais par un jeu d’élimination directe dont la clause phare est le parrainage d’au moins cinq-cents signatures d’élus pour chaque prétendant, seulement onze candidats ont pu franchir la barre fatidique. Cinq d’entre eux, considérés comme les plus en vue : Fillon, Hamon, Macron, Mélenchon, Le Pen, étaient en débat télévisé le 20 mars. Avec des fortunes diverses.

Aussi démocratique qu’est cette compétition électorale en France, l’arbitrage du 5 sur 11 a sans doute été mal vécu par les exclus. Qui pourront se rattraper lors des deux ultimes débats restants pour se faire entendre et aussi se faire voir, tant on les entend et les voit peu dans cette campagne minée par les « affaires ». Mais qu’à cela ne tienne, les idées dont il est question ici les concernent tous, du moins la plupart, en particulier les recalés du tour préliminaire pour défaut de parrainages. Elles sont, ces idées-là, éclairantes, les unes que les autres.

Voici, en effet, comment quelques-uns des non-partants se projetaient sur leur pays pour le prochain quinquennat. Ancienne secrétaire d’Etat, Rama Yade prenait la défense de la France « orpheline, méprisée, en retrait du champ démocratique ». De l’extérieur, on ne peut pas savoir si cette France-là existe, ni mesurer combien ceux qui le vivent de l’intérieur en souffrent. Ecrivain et cinéaste, Alexandre Jardin était parti pour susciter « la révolte des gens bienveillants », sans doute pour faire un peu de place à un brin de sourire dans une société française guettée par le repli sur soi.

Ce n’est pas tout. « Rajeunir la Ve République », tel devait être pour Bastien Faudot, le meilleur moyen de sauver la classe politique du « rejet » dont elle est l’objet de la part des Français. Général de l’armée de terre, Didier Tauzin avait à cœur de renforcer la souveraineté nationale, libérer l’économie et réformer l’Europe, l’idée de tête étant de « rebâtir la France ». Pour sa part, Oscar Temaru, foncièrement anticolonialiste, amènerait à l’indépendance la Polynésie française dont il a été président par le passé.

Il est clair, que ces « projets » portés par des « perdants » ne seront jamais mis en œuvre par ces derniers. Par contre, ils font partie de l’univers dans lequel vivent les citoyens français, peut-être même la réalité quotidienne. A suivre les déclarations des onze candidats validés par le Conseil constitutionnel on s’aperçoit que la France a besoin des réformes, qu’elle est en crise, que sa classe politique n’est pas exempte de reproches, que ses élus ne sont pas des demi-Dieux, que sa population est en quête de protection, que les efforts des gouvernements successifs sont à poursuivre sur tous les plans.

Au regard de tous ces problèmes, on peut parier qu’aucun des onze candidats en lice, qu’aucun des deux qui accéderont au second tour, que l’heureux élu du 7 mai au soir n’échappera pas aux critiques d’inefficacité ou encore d’absence de résultats essuyées par l’équipe sortante de François Hollande. Cet élu ou cette élue devra cependant rester à l’écoute de ses compatriotes de tous les bords, s’il ou elle veut rester audible parmi eux. Il y a un avantage dans tout ceci : la France reste un pays qui réfléchit. Le tout sera de savoir faire la part des choses.

Gankama N'Siah

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