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Comment vaincre le terrorisme ?

Samedi 26 Août 2017 - 12:35

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Le drame qui a frappé de plein fouet la semaine dernière l'une des villes européennes les plus visitées, Barcelone, ne laisse malheureusement plus aucun doute sur le fait que dans les mois et les années à venir l'Europe sera la cible d'attaques de plus en plus violentes, de plus en plus meurtrières, de plus en plus inhumaines. Des attaques perpétrées par des individus, ou de petits groupes d'individus isolés mais fondus, immergés dans la société civile et donc difficilement détectables avant qu'ils ne passent à l'acte.

D'où la question suivante que se posent maintenant les autorités des nations de la Vieille Europe qui se trouvent confrontées à des menaces diffuses d'une ampleur jamais connue dans le passé : est-il possible sinon de vaincre, du moins de combattre le terrorisme dans des sociétés riches et donc largement ouvertes sur le monde qui disposent  de moyens sophistiqués pour combattre le mal mais qui ne peuvent tout surveiller en permanence ?

À cette interrogation il n'est qu'une réponse possible dont voici l'énoncé quelque peu schématique : le terrorisme étant le fruit du fanatisme que génèrent dans les pays démunis l'ignorance et la misère, la seule manière de lutter contre lui est de lutter contre la pauvreté. Croire qu'il suffira de mettre en place des services de renseignement mieux outillés, d'installer dans les grandes villes des unités militaires bien équipées, de dresser des blocs de béton ou des barrières métalliques sur les avenues où se presse le grand public relève de l'illusion ou, pire encore, du rêve. La vérité est que seule l'élévation du niveau de vie des populations que s'efforcent d'embrigader les fanatiques de tout poil délivrera les nations du Nord de la menace diffuse mais de plus en plus concrète qui pèse sur elles.

De la même façon qu'il eut été facile, hier, de prévenir les deux guerres qui ont dévasté l'Europe dans le siècle précédent si les Etats avaient eu la sagesse de se concerter pour apporter des réponses aux problèmes qui les dressaient les uns contre les autres il est possible, aujourd'hui, de lutter efficacement contre le cancer dont nous voyons se dessiner les premiers fils. Mais cela ne peut se faire que si les Etats du Nord  prennent la juste mesure de leur responsabilité dans le sous-développement des nations du Sud.

Oser regarder la vérité en face, c'est-à-dire reconnaître que la misère est la première source du fanatisme religieux et politique qui lui-même nourrit le terrorisme, assumer enfin la responsabilité des erreurs qui sont à l'origine lointaine certes mais bien réelle des désordres qui menacent leur paix intérieure sont certainement aujourd'hui les premiers pas que doivent franchir les nations qui ont construit leur prospérité présente sur l'esclavage et le pillage des ressources naturelles des nations du Sud.  Plutôt que de fermer leurs frontières dans l'espoir fou d'empêcher les migrants d’affluer vers leurs territoires au risque d'y laisser leur vie par milliers, par dizaines de milliers, l'Europe doit se préoccuper activement de réparer ses erreurs passées.

Mais pour cela il lui faut d’abord regarder la vérité en face, ce qui n'est certainement pas facile alors qu'elle se pose à l'échelle du monde comme un modèle. Aussi la meilleure façon d'y parvenir serait-elle de convaincre ses dirigeants de s'asseoir autour d'une même table afin de s'entendre sur un programme d'aide au développement qui serait tout à la fois réaliste et fondé sur un constat juste des causes de la crise qui menace désormais la sécurité des Européens.

Qu'il nous soit permis d’écrire que le nouveau président français, Emmanuel Macron, aurait tout  à gagner à initier un tel mouvement.

 

        

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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