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Contribution de la diaspora au développement de l’Afrique

Jeudi 30 Novembre 2017 - 11:34

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La diaspora représente l’ensemble des personnes issues d’un pays ainsi que leurs descendants vivant à l’étranger et qui maintiennent un lien avec leur pays d’origine, notamment par des transferts de fonds qui ne compensent pas la perte en industrie liée à la fuite des cerveaux.

En effet, le monde compte 250 millions de migrants en 2016 contre 174,5 millions en 2000, soit respectivement 3,3 % et 2,8% de la population mondiale (ONU, 2017). Entre 2013 (232 millions de migrants) et 2016, la région Europe-Asie centrale a attiré 31,9 millons contre 34,28, l’Asie de l’est et Pacifique 31,4 à 25,51millions, l’Amérique latine et Caraïbes 32,5 à 8,93, le Moyen-Orient et Afrique du nord de 23,9 à 8,10, l’Asie du sud de 37,1 à 11,38 et l’Afrique subsaharienne 23,2 à 18,66. Cette mobilité est liée à 32,6% à la libre circulation, 31,6% familiale, 12,8% humanitaire, 11,2% travail, 6,6% familles accompagnant les travailleurs et 5,2% autres.

En 2013, 43,6% des migrants sont faiblement qualifiés, 35 % ont un niveau d’éducation intermédiaire et 21,5 % sont qualifiés. Le taux d’émigration global de 2,4% est inférieur à celui des personnes de formation supérieure (5,4%). En Afrique, ces taux sont de 2,4% et 10,8% ; en Asie 0,9% et 3,3% ; en Europe 5% et 5,3% ; en Océanie 4,4% et 4,8% ; en Amérique latine 5,7% et 7,4% ; et en Amérique du nord 0,9% et 0,8%. On compte 9,7% des Africains de formation supérieure émigrant vers l’OCDE et 4,3 % vont ailleurs. En 2016, 60,60% de migrations africaines sont en Afrique, 16,6% en Union européenne, 7,2% Canada, 6,2% Océanie, 3,7% Etats-Unis, 5,1% Asie et 0,6% Amérique latine.

La dramatique migration clandestine de 130 000 jeunes africains par an vers l’Europe, se traduit par l’errance d’un quart dans le désert, la vente en esclavage d’un quart en Libye par des passeurs véreux, la mort en mer d’un quart et le reste arrivant en Italie où, les centres d’accueil européens leurs sont fermés. Ils sont 22 237 Nigérians en 2014 et 37 551 en 2015, 39 162 Erythréens contre 20 718, et 2 801 Guinéens contre 13 342. Leurs 880 passeurs arrêtés en Italie percevaient au moins 1000€ par migrant dont 34,88% Egyptiens, 22,75% Tunisiens, 9,63% Sénégalais, 9,25% Gambiens, 5,13% Syriens, 4,88% Erythréens, 3,63% Marocains, 3% Nigérians, 2,75% Libyens et 4,10% autres.

Les émigrés mondiaux ont transféré 429 MD $ de fonds vers leurs pays d’origine en 2016 contre 416 MD $ en 2009 ; en Amérique latine et Caraïbes 57 contre 73 MD $, en Asie du sud de 75 à 110, au Moyen-Orient et l’Afrique du nord 34 à 49, en Europe et en Asie centrale de 35 à 38, en Asie de l'est et Pacifique de 86 à 126 et en Afrique subsaharienne de 21 à 33. Ces transferts dépassent les132 MD $ de l’aide publique au développement (APD) internationale.

En 2016, les transferts vers l’Afrique de 60 MD $ sont effectués par 32 millions de migrants contre 40 MD $ en 2010 des 21,8 millions migrants. Ils sont plus importants que l’APD pour l’Afrique qui est passée de 23,12 MD $ en 2000 à 51 MD $ en 2015 (BAD, 2017). Les transferts proviennent à 41 % de la diaspora africaine d’Europe, 28 % des Etats-Unis, 20% d’Afrique, 9 % des pays du Golfe et 2% d’ailleurs.

L’Afrique du nord en reçoit 27,4 MD $ en 2016, l’Afrique de l’ouest, 24 MD $, et 8,6 MD $ en Afrique de l’est et du sud. Entre 2016 et 2010, le Nigeria a reçu 16 contre 10 MD $, le Kenya 1,7 et 1,8, l’Afrique du sud 0,7 et 1, l’Ouganda 1,1 et 0,8, l’Éthiopie 0,6 et 0,4 et le Mali 0,8 et 0,3. Ces fonds financent la consommation à 54,60%, l'investissement immobilier 15,8%, d’autres investissements 5,5%, la santé 3,4%, l'éducation 6,4% et autres 8,7%. Ils améliorent la solvabilité souveraine des Etats et augmentent le niveau et la stabilité des rentrées de devises.

La BAD héberge depuis 2009, un fonds fiduciaire financé à 6 millions € par la France et à 200 000 $ par le Fida en obligations diaspora pour appuyer les initiatives des investissements des migrants dans leur pays d’origine. Les pays hôtes proposent des programmes de retour des migrants avec un pécule de 2000 à 5000€, ou financent des missions temporaires d’appui technique de la diaspora. Selon L’Afrique des Idées (2016), le taux de retour des jeunes africains est de 75% contre 70 % d’après le fonds de private Equity, Jacana, Franky (2013). Les pays d’origine ne leurs offrent pas toujours les possibilités de retour, alors qu’ils y ont à gagner en industrie.

Ainsi, la contribution de la diaspora au développement du pays d’origine est une épargne privée qui ne compense point la perte en industrie des Etats. Elle nécessite une harmonisation des politiques de migration, intégrées au programme de développement économique inclusif de chaque pays.

 

Emmanuel Okamba,maître de conférences HDR en Sciences de gestion

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Édition Quotidienne (DB)

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