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Qui dote qui?

Mardi 2 Janvier 2018 - 11:31

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Au départ, la dot était un moment solennel où le futur mari devrait réunir un certain nombre d’objets associés avec une certaine somme d’argent pour se présenter devant les parents de sa future femme. Aujourd’hui, l’usage pratique de la chose a changé radicalement, car au tant le jeune homme se présente à la belle-famille pour doter leur fille, au tant cette belle-famille réunit des objets et collecte de l’argent pour remettre à la famille du jeune homme. Et le tout se passe le même jour. D’où la question « qui dote qui ? », autrement dit, la dot aujourd’hui appelle la contre-dot.

Le tout commence par la lettre que le futur mari adresse aux parents de la jeune demoiselle dans laquelle il est indiqué clairement l’objet. Par exemple, : « Par cette lettre, je viens à vous pour solliciter la main de votre fille. J’attends donc de vous une suite favorable pour que je m’engage à cet effet ». Alors qu’est-ce qui se cache derrière les termes « suite favorable » ? Disons-le clairement, il s’agit de la liste d’objets à fournir et de l’argent à donner pour que la dot ait lieu. Généralement, après la réception de cette lettre du futur mari, un conseil de famille est tenu pour dresser la liste d’objets. Selon les familles, la responsabilité revient au côté paternel qui associe en second lieu le côté maternel.

Ainsi donc, pour éviter la honte face à la famille du jeune mari, les parents de la jeune fille vont s’organiser en lançant la collecte d’argent qui leur permettra de se préparer en connaissance de cause. C’est là où naît implicitement « la contre-dot », c’est-à-dire réunir autant d’objets et d’argent pour accueillir la belle-famille qui arrive. Encore que des témoignages de certaines familles attestent que lors de ces cérémonies, les parents de la future épouse dépensent autant.

Cela s’évalue à travers certaines exigences telles que la location des chapiteaux, des chaises et de la sonorisation, la réservation de la boisson au goût des parents du jeune homme, la prise en compte du cachet du "chroniqueur", l’achat de paniers de poissons fumés ou cuvettes de poissons frais, l’achat des moutons, sacs de foufou ou de manioc, la collecte d’un certain montant qui avoisinerait celui que l’on a exigé au jeune homme, etc. C'est bien là une réalité, à la charge des parents de la fille qui se marie.

Du côté du futur mari, le surplus d’objets à donner peut s’évaluer peut-être à travers de grosses marmites, hâches, machettes, pagnes super wax, chaussures,  bijoux, costumes et autres. Quant au reste, l’équation semble s’équilibrer de part et d’autre. Si hier, c’était le jeune homme qui dépensait plus quand il dotait sa  femme, aujourd’hui, les choses ont changé.

Alors « qui dote qui ? ». Il apparaît clairement que « la contre-dot » est devenue une réalité irréfutable actuellement. Ainsi, l’usage pratique de la dot aujourd’hui est en train de prendre une forme de « mini-remboursement », car si par hasard une belle-famille demande trop de choses au jeune homme, il va de soi qu’elle-même devrait se préparer pour remettre aussi quelque chose en retour aux parents du jeune homme.

Que l’on veuille ou non, ce phénomène tend à se généraliser dans presque toutes les familles. Dans ces conditions, pouvons- nous parler de la dot qui serait en train de « fabriquer » une autre dot symétrique à elle appelée « contre-dot » ? Affaire à suivre. 

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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