Opinion

  • Réflexion

L’Afrique au cœur de la nouvelle équation stratégique mondiale

Lundi 5 Mars 2018 - 14:56

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Tout le monde s’accorde aujourd’hui sur le fait que le continent africain, où vivra le quart de l’humanité dans moins de cinquante ans, va devenir à brève échéance l’un des principaux acteurs de la communauté internationale. Avec tous les avantages que cela comporte, mais aussi tous les problèmes que cette émergence ne manquera pas de soulever. D’où la question suivante qui figure désormais au cœur des débats publics ou privés concernant la nouvelle équation mondiale qui se dessine sous nos yeux : l’Afrique va-t-elle adapter sa gouvernance collective – autrement dit l’Union africaine et les institutions qui l’accompagnent – au changement fondamental qui se dessine, ou va-t-elle s’en abstenir et rester sur ses positions présentes ?

Cette question est d’autant plus importante que deux mouvements négatifs vont très certainement accompagner ce mouvement historique.

° Le premier est la montée des tensions internes que ne manqueront pas de provoquer dans la plupart des pays du continent la hausse soudaine des niveaux de vie, l’affirmation de classes moyennes ambitieuses et désireuses de tirer elles-mêmes un juste profit du progrès économique, la mise en question des pouvoirs   politiques existants qui en découlera inévitablement. Autant de changements qui sont à l’origine des désordres ayant accompagné le « printemps arabe » au tout début du nouveau millénaire et qui, vraisemblablement, se produiront dans de nombreux pays au sud du Sahara.

° Le deuxième mouvement est l’exacerbation de la concurrence que se livreront   à coup sûr les puissances extérieures afin de tirer elles-mêmes profit de l’essor économique d’un continent qui deviendra en moins d’un demi-siècle le plus vaste marché de la planète. Déjà perceptible dans les zones riches en matières premières de l’Afrique centrale où les « grands » se disputent, par personnes interposées et sans tenir le moindre compte du sort des populations concernées, le heurt de ces ambitions provoquera à coup sûr des conflits de basse ou haute intensité qu’il sera difficile de prévenir puis de gérer.

Ces évènements étant écrits par avance la logique, pour ne pas dire la prudence, devraient amener les Etats africains et leurs dirigeants à adapter l’Union africaine, mais également les nombreuses communautés sous-régionales qui la complètent – UMA, CEN-SAD, Cédéao, Cémac, CEEAC, CIRGL, Comesa, SADC, Igad, etc. – à la nouvelle équation stratégique qui se dessine. Faute de le faire à temps, en effet, l’affirmation de l’Afrique sur la scène internationale risque fort d’être accompagnée de grands désordres humains dont la crise libyenne et les tensions présentes dans le Bassin du Congo donnent une idée précise.

L’on ne saurait évidemment pas dessiner, ni même esquisser ici les réformes qui devraient être mises en chantier sans tarder afin de permettre à l’Afrique de relever pacifiquement les défis qui se profilent à l’horizon. Mais l’Histoire, la grande Histoire, a suffisamment démontré sur d’autres continents – l’Europe, l’Amérique du nord, l’Asie – l’importance que revêtent de telles réflexions en amont des évènements qui surviennent inéluctablement qu’une analyse anticipée et objective de leurs conséquences probables, pour ne pas dire certaines, s’avère indispensable à l’échelle du continent dans le moment présent.

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Réflexion : les derniers articles