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Le Fonds bleu, ressort de l'émergence du Bassin du Congo

Samedi 21 Avril 2018 - 19:18

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Le Sommet qui se tiendra à Brazzaville le week-end prochain et qui verra le Fonds bleu, dont l'acte de naissance fut acté il y a tout juste un an à Oyo, devenir enfin une réalité concrète marquera à coup sûr une avancée décisive dans la longue marche de l'Afrique centrale vers l'émergence. Il confirmera, simultanément, que le Congo entend bien en être le véritable moteur sans pour autant marginaliser ses partenaires, ni écarter les puissances extérieures comme le Maroc qui ont joué un rôle important dans la définition de ce grand dessein et dont la plus haute autorité, le roi Mohammed VI, sera, d'ailleurs, présent parmi nous.

Pour comprendre l'enjeu primordial que constitue la mise en route de cette institution et la volonté qui préside à ses destinées, il faut avoir présentes à l'esprit les deux données fondamentales suivantes :

° La première est le rôle essentiel que devra jouer, dans les décennies à venir, le Bassin du Congo dans la lutte contre le dérèglement climatique qui menace aujourd'hui la planète tout entière. Si, en effet, cette partie du monde, qui en est le deuxième poumon après le Bassin de l'Amazone en Amérique du sud, ne protège pas la nature, l'on peut être certain que le réchauffement de l'atmosphère provoqué par la surindustrialisation de l'hémisphère nord génèrera un désastre global que personne ne pourra plus combattre. Pour dire les choses encore plus clairement, c'est bien chez nous que se trouve aujourd'hui l'une des clés de la survie de l'espèce humaine comme le démontre l'importance des tourbières où se trouve stockée l'énorme masse de carbone dont la libération anarchique accélèrerait de façon irrésistible et mortelle la hausse des températures terrestres.

° La deuxième donnée n'est ni géographique ni climatique, mais stratégique au sens le plus précis du terme. Comment, en effet, la protection de la nature sur toute l'étendue du Bassin du Congo serait-elle possible, voire même envisageable dans les années à venir si la paix, le développement, le progrès social, la mise en valeur rationnelle des immenses ressources naturelles de cette région du monde ne figurent pas au cœur de la politique menée par les Etats qui la composent ? Et comment ce placement en tête des priorités régionales serait-il possible si le Fonds bleu ne devient pas très vite réalité ? De la même façon que la création de l'Organisation des Nations unies à l'échelle internationale a permis de préserver la paix mondiale depuis près de soixante-quinze ans, de la même façon le Fonds bleu protègera le Bassin du Congo des dérives de toutes sortes qui le menacent et dont témoignent les désordres qui dévastent la Centrafrique comme l’est de la République démocratique du Congo.

L'erreur qu'il ne faut pas commettre dans le moment présent serait de considérer le Fonds bleu comme une simple institution vouée à la protection de la nature et au développement rural. Rassemblant une douzaine de nations et couvrant une zone où vivront, à échéance de trente ans, près de cinq cents millions d'êtres humains, la structure qui naîtra du prochain sommet de Brazzaville doit être conçue, organisée, structurée de telle façon qu'elle constituera une garantie du bien vivre pour les générations présentes et à venir.

S'il en est ainsi et que l'on passe effectivement des idées à la réalité, nous verrons affluer vers l'Afrique centrale les capitaux, les techniques, les savoirs qui feront en moins de dix ans du Bassin du Congo la communauté la plus dynamique, la plus prospère du continent africain et probablement même du Tiers-Monde dans son ensemble.

Autant dire que l'enjeu des heures à venir est immense à tous égards.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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