Opep

Ce qui n'a pas été encore souligné par les observateurs de la scène internationale mais qui ne tardera certainement pas à l'être est le fait que désormais, le continent le mieux représenté au sein de la très puissante Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole (Opep) est l'Afrique, plus précisément même notre Afrique. Grâce à l'entrée du Congo dans cette institution, actée à Vienne jeudi dernier, l'Opep compte, en effet, désormais dans ses rangs sept pays africains, six pays du Proche et du Moyen-Orient, deux pays du continent américain.

Dans un moment comme celui où nous vivons, cette prééminence n'a rien d'artificiel ni d'illusoire. Même si le Proche et le Moyen-Orient sont toujours les deux régions du monde qui produisent le plus d'hydrocarbures, l'Afrique, grâce précisément au golfe de Guinée, s'impose progressivement comme l'acteur clé de ce gigantesque marché planétaire. Avec tous les avantages que cela comportera dans l'avenir proche puisque les cours de l'"or noir" progressent lentement mais sûrement sur les marchés mondiaux après s'être effondrés ces dernières années.

Le tournant que marque l'entrée du Congo dans l'Opep est d'autant plus important que les nuages s'accumulent sur le Proche et le Moyen-Orient alors que le ciel s'éclaircit sur l'Afrique qui est la nôtre. Déja en proie à de grands troubles du fait de la crise qui dévaste la Syrie après l'Irak, le Levant est désormais menacé très directement par la guerre larvée que s'y livrent les Etats-Unis, Israël et l'Iran, guerre qui peut à tout instant dégénérer au point de provoquer la fermeture du Détroit d'Ormuz par lequel transite plus du tiers du marché mondial des hydrocarbures.

Que l'Afrique devienne majoritaire au sein de l'Opep dans un semblable contexte ne doit certainement rien au hasard. Elle envoie, ce faisant, un signal fort aux grandes nations industrielles dont la prospérité se trouve fondée pour une large, très large part sur l'acheminement vers leurs côtes des cargaisons de pétrole et de gaz sans lesquelles leur économie s'effondrerait inéluctablement. Il incombe désormais à ses dirigeants de tirer pour leurs peuples le juste profit de cette avancée stratégique.