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Ne jamais oublier …

Samedi 20 Octobre 2018 - 18:06

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Alors qu’Emmanuel Macron prépare l’ « Itinérance mémorielle » qui le conduira pendant sept jours, du 4 au 11 novembre, dans les lieux les plus emblématiques de la Grande guerre, là où se déroulèrent les batailles qui permirent à la France et à ses alliés de vaincre l’Allemagne en 1918, il n’est pas trop tôt pour rappeler le rôle essentiel que jouèrent les « tirailleurs » africains dans la conduite de ces opérations.

Enrôlées dans leurs pays d’origine sur le continent noir, puis acheminés vers le sol français dans le but de renforcer les unités qui se battaient sur le terrain dans des conditions souvent effroyables, ces dizaines de milliers d’hommes venus du grand Sud ont, en effet, joué un rôle essentiel tout au long de la Première Guerre mondiale. S’ils n’avaient pas combattu au côté des soldats de la coalition conduite par la France, l’issue de ce premier conflit mondial n’aurait sans doute pas été celle qui sera commémorée le 11 novembre de cette année 2018.

Un tel rappel est d’autant plus nécessaire aujourd’hui, alors que se préparent les cérémonies marquant le centième anniversaire de l’Armistice signé à Rethondes, près de Compiègne, que des batailles se sont déroulées aussi sur le sol africain qui, elles, ont été purement et simplement oubliées par l’Histoire. Des batailles dont l’une des plus importantes se déroula dans ce qui était alors le Moyen- Congo, à Mbirou, près de Ouesso, et qui permit à la France de refouler grâce aux tirailleurs congolais l’Allemagne qui tentait alors de s’emparer de cette zone stratégique.

Relatée, photos à l’appui, dans un livre qui paraît ces jours-ci (1) et qui sera remis le 12 novembre au président Denis Sassou N’Guesso dans le cadre prestigieux du Musée de l’Armée à Paris, cette épopée rappelle que la Grande guerre ne se déroula pas seulement sur le Vieux continent mais s’étendit aussi en Afrique qui constituait alors un enjeu majeur pour les puissances européennes. Exactement comme ce fut le cas, vingt-et-un ans plus tard, lorsque l’Allemagne d’Adolf Hitler déclencha la Seconde Guerre mondiale provoquant un tsunami planétaire qui conduisit le général de Gaulle à faire pour un temps de Brazzaville la « Capitale de la France Libre ».

Il ne nous appartient pas de dire comment Emmanuel Macron pourrait, ou plutôt devrait inscrire le chapitre africain de la Première Guerre mondiale dans l’ « Itinérance mémorielle » qu’il entreprendra à Strasbourg, le 4 novembre, et l’achèvera à l’Arc de triomphe puis aux Invalides, à Paris, le 11 novembre mais il est certain que la commémoration du centième anniversaire de l’Armistice de 1918 ne sera complète que si un hommage est rendu par la plus haute autorité de l’Etat français aux tirailleurs africains qui sacrifièrent leur vie en Europe et en Afrique afin que la France préserve sa liberté comme son indépendance.

Ceci est d’autant plus nécessaire que l’Afrique est aujourd’hui le continent où se joue pour l’Europe une bataille toute aussi stratégique que celles de 1914-1918 et 1939-1945. Une bataille menée au côté des nations du Sahel, du Sahara mais aussi de l’Afrique de l’ouest et de l’Afrique centrale pour endiguer la vague terroriste qui menace très directement le Vieux continent.

 

(1) « Le Congo dans la première guerre mondiale ». Texte de Léon Bemba. Editions Les Manguiers.

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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