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Limiter la pollution des avions

Vendredi 25 Janvier 2019 - 11:46

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Depuis longtemps, lorsqu’on parle de réchauffement climatique, le secteur des transports, particulièrement celui de l’aviation, est principalement le plus indexé. On a tendance à blâmer les voyages en avion comme étant responsables majeurs de la pollution atmosphérique. En effet, depuis de nombreuses années, l’avion est considéré comme le mode de transport le plus polluant, largement que le train, le bus et même la voiture. Mais cette idée reçue correspond-elle vraiment à la réalité ?

Les avions sont effectivement un poids lourd pour l’environnement et favorisent le réchauffement climatique. Avec plus de quatre milliards de passagers en 2017 et plus de cent mille vols par jour, l’aviation est aussi un poids lourd économique mondial. Mais malheureusement, sur le plan environnemental, les avions sont responsables de 2% des émissions de CO2 dans le monde et de 5% du réchauffement climatique de la planète. Entre 1990 et 2002, par exemple, les émissions de dioxyde de carbone de l’avion ont augmenté deux fois plus vite que celles du reste des autres secteurs d’activité. En Europe, les émissions de ce secteur se sont accrues de 90% entre 1990 et 2004 tandis que l’on a constaté une réduction des émissions dans d’autres secteurs. Avec un rythme de croissance du trafic aérien de +5% par an, cette tendance inquiétante se poursuit. Si rien n’est fait pour réduire la pollution des avions, la situation va devenir insoutenable pour le climat de notre planète. C’est aussi injuste pour les autres secteurs qui font des efforts pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Afin de prévenir la planète d’une catastrophe environnementale, des actions et des mesures concrètes doivent être prises pour le secteur de l’aviation. Pour cela, tous les acteurs ont un rôle à jouer : aussi bien les consommateurs que les autorités et les constructeurs.

Il est vrai que la performance des avions s’est beaucoup améliorée et ils consomment de moins en moins de carburant. Mais malgré cela, les émissions de gaz à effet de serre et des polluants des avions continuent à augmenter à cause de l’accroissement du trafic et du tourisme en particulier. L’essor des compagnies aériennes à bas prix a accentué ce phénomène. Les émissions de CO2 ne sont pas l’unique impact de l’aviation sur le climat. Un avion émet aussi des oxydes d’azote, responsables de la production d’ozone et de la vapeur d’eau qui provoque des traînées de condensation ayant un effet de réchauffement. Elles engendrent des nuages de haute altitude qui participent aussi à l’effet de serre.

Depuis plusieurs années, des possibilités d’actions politiques sont envisagées pour essayer de limiter l’impact environnemental de l’aviation, comme taxer le kérosène. Ce serait l’option la plus efficace mais elle devrait être mise en œuvre au niveau mondial pour couvrir les vols internationaux. Taxer les émissions, c’est le principe du pollueur-payeur. Mieux gérer le trafic aérien pour réduire le temps d’attente des avions avant de pouvoir atterrir.

Le secteur de l’aviation a pris un engagement en octobre 2016, à savoir  stabiliser les émissions de CO2 à leur niveau de 2020, alors que la prévision de croissance du trafic est de 5% par an. Cet engagement est historique mais insuffisant compte tenu de l’enjeu. Et il ne concerne que seize pays, puisque les pays en voie de développement et enclavés en sont exemptés. Ne l’oublions pas, l’avion émet trois fois plus de gaz à effet de serre que la voiture. Son impact sur le climat a doublé en vingt ans. C’est aussi une des sources de pollution qui connaît la plus forte croissance. Et si rien n’est fait, si aucune mesure concrète n’est prise pour susciter une vraie prise de conscience collective, le trafic aérien pourrait plus que tripler d’ici à 2030. Dans ce cas, un grave danger menacerait réellement la planète.

 

 

Boris Kharl Ebaka

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