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La rumba congolaise

Samedi 23 Mars 2019 - 17:18

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Les culturels de la République démocratique du Congo ont initié un plaidoyer   afin que la rumba congolaise soit inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, œuvre louable sied-il de le rappeler et qui ne devrait qu’aboutir car, l’Unesco a déjà élevé Brazzaville et Kinshasa au rang de villes créatives de musique et ce, grâce à cette rumba.

Des historiens démontrent avec force de détails que l’origine de la rumba congolaise remonte à cinq siècles  lorsque les esclaves noirs africains débarquaient à Cuba avec la danse ” Nkoumba ”, appelée plus tard Cuba rumba, issue d’une danse du nombril prenant sa source en Afrique centrale, dans le Royaume Kongo et en République centrafricaine,  chez  les “Bakongo”, groupe ethnique situé au sud du Congo Kinshasa, du Congo Brazzaville, de l’Angola mais aussi chez les ”Mbati ” de Centrafrique, expression folklorique charnelle permettant à un couple de danseurs de se produire nombril contre nombril.

C’est ainsi que nombreux ont plutôt évoqué un retour de la rumba chez elle en Afrique, entre les années 1940 et 1950, après avoir été pendant longtemps un moyen d’expression artistique et de revendication des Noirs qui dénonçaient les injustices et mauvais traitements dont ils étaient victimes à Cuba. Les Africains se la sont donc réappropriée.

L’initiative de Kinshasa est à soutenir sans aucune hésitation et serait encore plus efficace si le tir provenait des deux rives du fleuve Congo et même au-delà.

Si l’on est en droit d’évoquer les artistes fondateurs de rumba tels Grand Kallé, Luambo Mackiadi, alias Franco, Dr Nico, Tabu Ley Rochereau, Papa Noël, Sam Mangwana, Wendo Kolosoy qui fera avec sa chanson « Marie Louise » le premier succès de la rumba congolaise, Zaïko Langa Langa, et nombreux autres sur la rive de Kinshasa, l’on ne doit pas non plus oublier ceux non moins présents de la rive de Brazzaville, à l’instar des Paul Kamba,  Nino Malapet, Jean Serge Essous, Antoine Moudanda, etc., qui ont donné âme et vie à notre chère rumba congolaise.

Genre musical  que l’on peut situer dans les années 1930,  comme une émanation de la rumba cubaine, demeurée une véritable légende dans les deux Congo, en y pénétrant en même temps que les rythmes afro-caribéens.

Après les indépendances en 1960,  la rumba congolaise connaît son apogée et ses  représentants se nomment bien  African Jazz, Victoria Brazza, TP OK Jazz, Bantous de la capitale,  Cercul Jazz, Negro band, etc., qui sévissent sur les deux rives du fleuve Congo, avec  des artistes tels que Joseph Kabasele, « Grand Kallé ».

L’on assiste donc dès les années 1930, sur ces deux rives, à une transplantation de la rumba cubaine par un curieux aller-retour de l'histoire entre les Caraïbes et l'Afrique, musique qui pénètre ces terres, en suivant le cours du fleuve Congo, jusqu’à Léopoldville et Brazzaville.

Les années phares de cette musique peuvent être situées entre 1940 - 1950 et, entre le début des années 1960-1970. L’imprégnation d’une identité congolaise est due à ces musiciens tels Luambo Makiadi, Dr Nico, ceux des Bantous de la capitale, Papa Wemba et plusieurs autres qui ont largement contribué à modifier et donner une identité à la rumba proprement dite congolaise.

C’est au nom de cette dualité, qui n’est nullement de surface, qu’il faut convier tous les experts congolais à œuvrer solidairement pour aboutir à cette inscription sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’humanité.

 

Ferréol Gassackys

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Édition Quotidienne (DB)

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