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Où va la RDC ?Samedi 18 Août 2018 - 19:34 Cette question, la communauté africaine dans son ensemble la pose aujourd’hui, sinon avec angoisse du moins avec inquiétude. Ceci pour au moins trois raisons que voici résumées en quelques lignes mais qui mériteraient d’être analysées enfin sérieusement par la communauté internationale si du moins celle-ci veut éviter de se trouver confrontée à une série de problèmes qu’elle s’avèrera demain incapable de résoudre. Première raison : le scrutin présidentiel, qui est prévu pour le 23 décembre prochain, a en réalité fort peu de chances de se dérouler à cette date. Non pour des raisons politiques puisque le président sortant, Joseph Kabila, a décidé au terme de longues tergiversations de ne pas se représenter et a désigné l’homme qui lui succèdera si du moins le peuple congolais en décide ainsi, mais pour des raisons bassement matérielles qui tiennent à l’impréparation du scrutin. Fondé sur la mise en place de machines à voter sur toute l’étendue du territoire national, le vote s’avère d’ores et déjà impossible à organiser dans les cinq mois à venir étant donné que moins du tiers de ces appareils a été livré et que selon toute vraisemblance, la majorité des lieux de vote n’en sera toujours pas équipée à la date prévue. Si l’on ajoute à cela le fait qu’apparemment les retards s’accumulent pour ce qui concerne l’établissement des listes de votants, la réalisation des bulletins de vote et la fabrication des documents administratifs qui permettraient la bonne tenue du scrutin, l’on en vient à la conclusion que le calendrier ne pourra pas être tenu à la date prévue, contrairement à ce qu’affirment les autorités. Deuxième raison : l’impréparation matérielle du scrutin qui doit se dérouler le 23 décembre nourrit d’ores et déjà une frustration dans les milieux politiques mais aussi dans l’opinion publique qui finira tôt ou tard, et plutôt tôt que tard, par provoquer une crise ouverte à Kinshasa même, c’est-à-dire dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC) où vit aujourd’hui près du quart de la population du pays. Ceci est d’autant plus certain que d’une part, sur le plan politique, les partis de l’opposition s’emploient à constituer une force unique et cohérente face à la majorité présidentielle, que d’autre part, sur le plan social, ils sont soutenus par une grande partie de la population de la capitale à laquelle le retour de Jean-Pierre Bemba après un long exil dans les prisons européennes a rendu espoir. Quitte à passer pour un oiseau de mauvais augure, disons, écrivons que si le vote présidentiel ne se tient pas à la date prévue et dans des conditions crédibles, nous assisterons probablement à une flambée de violence sans précédent que personne ne saura contenir. Avec toutes les conséquences que cela aura pour les grandes cités comme Brazzaville sur la rive droite du fleuve Congo. La troisième raison résulte du fait de plus en plus évident que des forces obscures s’emploient, en RDC même, à empêcher la bonne tenue du scrutin présidentiel. L’Histoire dira un jour pour qui et avec qui ces entreprises travaillaient souterrainement mais ce qui est certain est le fait qu’elles pratiquent un asservissement plus ou moins visible de la population locale qui entretient lui-même le sous-développement des zones géographiques concernées. Fait plus grave encore, elles surfent sur les différences ethniques ou religieuses et s’emploient à dresser les groupes humains les uns contre les autres afin de tirer le plus grand profit possible de l’exploitation illégale des ressources naturelles de cette partie du continent. Peu importe aux yeux de leurs dirigeants que la mort et la misère accompagnent leurs actions, l’essentiel est le profit qu’ils tireront d’une néocolonisation qui ne dit pas son nom. Dénoncées à maintes reprises par les institutions catholiques de la RDC, ces actions n’ont à ce jour généré aucune réponse sérieuse des autorités de la République ni, d’ailleurs, de la communauté internationale. Et l’on peut être certain que si les tensions politiques à venir prennent la dimension que l’on craint, des tragédies en série se multiplieront dans l’est du pays. Soyons très clairs donc au risque de choquer les bonnes âmes qui refusent de regarder la vérité en face : il reste très peu de temps pour conjurer le mauvais sort qui menace la RDC.
Jean-Paul Pigasse Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |