Opinion

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Alexandre Denguet-Attiki

Jeudi 23 Octobre 2014 - 17:30

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Pour ceux qui ne le sauraient pas, l’homme, dont est il est question dans ce Brin d’Histoire, est un ancien sportif. Sociétaire du Racing club de Brazzaville, à la fin des années 50, début 60, il finit sa carrière sportive en qualité de grand dirigeant de l’Étoile du Congo, prestigieuse équipe, qui a fait le beau temps du football congolais. Denguet-Attiki, c’est de lui qu’il s’agit, est né le 27 octobre 1937 à Brazzaville. Il aurait eu cette année, 77 ans, si la mort ne l’avait fauché le 30 janvier 2013, dans la ville qui l’a vu naître.

Je l’ai rencontré, pour la première fois, à Pointe-Noire, au milieu des années 60, où il travaillait à l’époque. C’était à l’occasion d’un déplacement, dans la ville Océane, de l’Étoile du Congo, club huppé de Brazzaville. J’accompagnais la célèbre bande à Mbono Sorcier, Nkou Désiré, Ongania Excellent, Léon Tchicaya, Koko Labête, Boukaka, Akouala, Lokalinga, Bakekolo dit Lumumba, mes aînés, dont j’étais très proche. L’Étoile du Congo était reçue à Pointe-Noire par le capitaine Marien Ngouabi et Denguet-Attiki. Personnage avenant et accueillant, ce dernier a mis, comme on dit, les petits plats dans les grands pour recevoir dans les règles de l’art l’équipe brazzavilloise. Cadre de la Caisse nationale de la prévoyance sociale, Denguet-Attiki est aussi un syndicaliste très actif dès le début des années 60. C’est à ce titre qu’il représente le Congo à la conférence générale du Travail à Genève, en 1969.

À la création du Parti congolais du travail par le président Marien Ngouabi, il est membre suppléant au Comité central du nouveau parti. Au congrès extraordinaire de 1972, il en devient membre à part entière. Dès lors, sa carrière connaît une ascension régulière. Il est nommé conseiller politique à l’ambassade du Congo en France. Peu de temps après, il rentre au Congo et il est désigné ministre du Travail. En août 1972, il devient ministre du Travail et de la Justice jusqu’en 1973. À partir de janvier 1975, il est ministre du Travail, de l’ action sociale, chargé de l’industrie. À la fin de cette-là, il quitte le gouvernement et devient directeur de l’Office national du commerce (Ofnacom).

En 1977, après la disparition du président Marien Ngouabi, Alexandre Denguet-Attiki est nommé ambassadeur du Congo en France par le président Yhomby-Opango.  Il est, en même temps, ambassadeur auprès du Royaume-Uni et délégué permanent à l’Unesco. Denguet-Attiki connaît, du point de vue politique, une éclipse de près d’une dizaine d’années. Lors du 4ème congrès ordinaire du Pct, juillet 1989, il retrouve le comité central. Dans la foulée de ce congrès, il est nommé commissaire politique au Kouilou, jusqu’à l’avènement du multipartisme au Congo. Il est élu, en 2002, député dans la troisième circonscription de Poto-Poto. Au cours de cette législature, il occupe le poste de premier vice-président de la commission Santé et Affaires sociales. Il est réélu en 2007 et  désigné président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle.

L’homme, comme le dit le proverbe, est un malade qui s’ignore. Contre toute attente, Denguet-Attiki est décédé le 30 janvier 2013. Il venait de rentrer à Brazzaville, quelques jours plus tôt, après un séjour en Chine et semblait bien portant. Son décès fait l’effet d’une bombe, bien au-delà de son quartier Poto-Poto, où il était très connu. Il faisait partie du décor, comme on dit trivialement. Il avait su s’enraciner dans l’humus de ce village si particulier. Denguet-Attiki a eu droit aux hommages mérités de la République. Pour services rendus.

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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