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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : L’histoire du Congo à travers la chanson : de l’indépendance à la victoire des Diables Rouges à Yaoundé

Jeudi 10 Août 2017 - 12:56

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De l’indépendance à la victoire des Diables Rouges à Yaoundé. Cette délimitation temporelle s’explique par le fait qu’au cours de cette période faste de la chanson congolaise, la créativité musicale est poussée à l’extrême par les artistes musiciens, déterminés à soutenir l’évolution politique du pays. Quelques titres majeurs de la chanson, subjectivement choisis, jalonnent l’itinéraire du Congo : «  28 novembre 1958 Indépendance nationale », « Tokumisa Congo », « Kota na Urfc », « Para commando » et « Diables Rouges ». Dans quelques jours, le Congo célèbre le 57ème anniversaire de son accession à l’indépendance. Tout commence le 28 novembre 1958, date de la naissance de la République du Congo au sein de la Communauté. Cet événement donne l’occasion à l’orchestre Novelty de Mountou Typoa de créer une chanson de circonstance. Mais la confusion règne déjà à l’époque. Pour certains, république est synonyme d’indépendance, comme l’atteste le titre de la chanson de Novelty : « 28 novembre 1958, Indépendance nationale », sortie aux éditions Ngoma, à Léopoldville. Ce qui est évidement faux. Le Congo accède à l’indépendance le 15 août 1960. Les Bantous, en 1962, sortent « Tokumisa Congo » de Jean-serge Essous qui égrène le nom de ceux qui ont porté le Congo indépendant sur les fonts baptismaux, et qu’on peut légitimement appeler, « les pères de l’indépendance », entre autres :  Youlou, Bazinga, Okomba, Opangault, Kikhounga Ngot, Isaac Ibouanga, Prosper Gandzion, etc. En 1963, un mouvement populaire, mené par des syndicalistes, fait chuter le président Fulbert Youlou. Tout naturellement, Massamba-Débat, démis, le 6 mai 1963, de ses fonctions de ministre du Plan par Fulbert Youlou, est requis pour former un gouvernement provisoire, en qualité de Premier ministre. Après le référendum du 8 décembre 1963, il est élu, au suffrage universel, président de la République. À l’issue d’un concours organisé par la radiodiffusion nationale, « Tongo étani », de Jean-Serge Essous et les Bantous de la capitale, truste le premier prix, le 14 janvier 1964. Cette chanson, dans son couplet est, en réalité, une adaptation de l’hymne national, « La Congolaise ». « Tongo étani » servira d’ouverture ou d’indicatif aux journaux de la radio congolaise pendant des décennies. La même année, c’est la naissance du MNR (Mouvement national de la Révolution) et l’adoption du socialisme scientifique. Le MNR, rassemblement hétéroclite, est le vice congénital de l’histoire post-révolution du Congo. En 1965, Edo Ganga et les Bantous de la capitale créent la chanson : « Kota na Urfc ». Cette chanson contribue énormément à la notoriété de Céline Yandza, Eckomband, de son vrai nom, la première présidente de l’Union révolutionnaire des femmes du Congo.

L’orchestre S.b.b. est né, le 27avril 1968, au bar dancing Faignond. Ses musiciens : Ange Linaud, Mienandi Michel, Jean Saïdou, Mbaki Mitoga, Djohny Mazonga, José Bados Loumandé, Jean Pirate Mayindou, Du soleil Kinzonzi, Tenga puis Féli Bouanga, viennent pour l’essentiel de l’orchestre Tembo de Loubelo Delalune, né en 1964 à Brazzaville, à la faveur du retour des Congolais installés à Léopoldville. Parmi les « réfugiés », vocable inapproprié pour désigner ceux qui rentraient chez eux après quelques déboires de l’autre côté du fleuve, des musiciens dont le célèbre bassiste de l’orchestre Ok Jazz Loubelo Delalune qui réunit quelques jeunes musiciens pour monter, au bar Faignond, l’orchestre Tembo qui a tenu la dragée haute aux orchestres ayant déjà pignon sur rue, notamment, le plus illustre d’entre eux, les Bantous de la capitale. La rivalité OK Jazz/Bantou s’est transformée en Tembo/Bantous, les fanatiques de l’Ok Jazz ayant jeté leur dévolu sur l’orchestre Tembo. Signalons que l’expulsion des Brazzavillois de Léopoldville est l’acmé des relations volcaniques entre Léopoldville et Brazzaville. Le S.b.b (Super Boboto de Brazzaville) devient, à la création de l’UJSC (Union de la jeunesse socialiste congolaise), en août 1969, le chantre de ce mouvement de jeunesse dirigé, alors, par Bernard Combo Matsiona. Le 31 décembre 1969, naissance du Parti congolais du travail. Comme le MNR, dont il est l’émanation, le Parti congolais du travail est hétérogène. Le ver était dans le fruit dès sa création. En 1972, le Congo est ébranlé par le coup d’Etat d’Ange Diawara et ses acolytes. C’est la lutte entre les partisans de l’« orthodoxie marxiste léniniste » et les tenants « d’un courant politique hétérodoxe ». La chanson se met au diapason de la politique. Les artistes s’en donnent à cœur joie avec le prosélytisme des nouveaux convertis. Ils ont l’occasion de marquer leur adhésion et leur soutien à l’idéologie marxiste-léniniste, au parti et à son fondateur. Eboma Mwan’Odile crée sa célèbre chanson « Para commando », « Marien Ngouabi na tanga yo kombo té e o na miso ya bangouna ayi. Mokolo wana ba luki étumba bango moko balembi ». Cette chanson, qui est une ode à la gloire de Marien Ngouabi, dit, en résumé : « tes adversaires ont déclenché les hostilités, ils ont échoué ». Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.                                                                                                                                          

 

 

 

MFUMU

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