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Homme blanc - Homme noir

Samedi 17 Octobre 2015 - 12:47

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De puis le 27 juin dernier, la Fondation Pierre Arnaud de Lens en France organise une exposition estivale et ce, jusqu’au  25 octobre 2015 prochain. Il est bon de marquer un arrêt sur sa deuxième phase, Impressions d'Afrique, qui met en scène le dialogue fécond que les arts occidentaux et africains ont noué au fil des siècles.

Elle évoque, comme l’on peut s’en douter, la période médiévale, époque pendant laquelle les Européens installèrent des comptoirs le long des côtes africaines, préfigurant le tracé de la route des Indes. Ces nombreuses haltes qui favorisaient le troc, ces échanges symbolisés par les étoffes, la verroterie, les métaux du coté des  Européens contre l’ivoire et objets divers chez les Africains.

La seconde moitié du XIXe siècle est également affichée, car c’est une autre période symbolique où les Européens prenaient réellement conscience des richesses du continent africain. Il faut rappeler  que nous sommes de plain-pied dans cette période coloniale où tous les excès étaient permis, et les deux principales puissances coloniales sur le continent rivalisaient d’ingéniosité pour explorer les richesses du continent.

En effet Anglais, Français, Belges et autres puissances coloniales avaient pu susciter un engouement pour l’Afrique comme en témoignent les nombreuses expositions universelles qui  touchent tous les domaines, et l’art en particulier.

Cette exposition nous présente donc des œuvres réalisées entre le XVIIe et le XXe siècles par plusieurs artistes tant africains qu’européens. Tous y ont contribué, animés par une caractéristique commune car ce sont des « africanistes » avec des regards différents qui, néanmoins, se croisent et décrivent la perception de l’un sur l’autre et inversement. Ces oeuvres illustrent assez fidèlement la manière dont l’on s’est observés, découverts, craints, moqués ou même admirés mutuellement.

Nombreux sont les accessoires ou statues qui, du côté occidental ou africain se retrouvent magnifiés ou stigmatisés.  Tout y passe :  traits physiques, signes de pouvoir, accessoires, etc. et les  œuvres exposées le sont sous forme de peintures, sculptures et photographies qui mettent en exergue l’influence réciproque des arts africains et européens qui se sont fertilisés mutuellement pour donner naissance à de nouvelles formes d’expression.

 

Intéressant que ce dialogue entre art occidental et art africain entraîne le public dans un dialogue entre l’Occident et l’Afrique. La visite du  très bel espace de la fondation est vivement recommandée car l’on peut y découvrir des pièces rares d’une extrême originalité tant par les photographies, les sculptures que les peintures réalisées entre le XVIIe et le XXe siècles.

 

Deux espaces chaleureux de découvertes vous y accueillent : le premier, au rez-de-chaussée, se focalise sur la perception par les Européens des Africains à l’époque. On y découvre des affiches, moulages anatomiques et projection d'images d'expositions universelles du début du XXe siècle. Le premier étage de la fondation expose les pièces les plus anciennes telles : cette défense en ivoire sculptée, ces imposants bustes de marbre ou encore ces photos de notables africains.

 

Il est vrai que cette exposition, comme un exutoire coupable, laisse entrevoir la méconnaissance du continent africain et logiquement exprime une contingence de cette époque où le racisme prévalait. Toutefois, ces artistes - voyageurs en quête de découvertes et séduits par l'Afrique, rendent fidèlement compte de la beauté de ce continent et de ses habitants. Finalement, l'exposition dans son ensemble est une invite au voyage et à la  rencontre de l’art des autres

Ferréol Constant Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

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